
J’ai couru avec un gars qui court à la place des autres pour les faire bien paraître
Le Journal de Montréal
Imaginez un monde où, sans verser la moindre goutte de sueur et sans même quitter votre divan, vos amis vous prennent quand même pour le meilleur coureur en ville. Voyons donc? vous dites-vous. C’est pourtant bel et bien une réalité.
Commençons par le début pour les plus néophytes. Strava, c’est une plate-forme à la Facebook où chaque utilisateur enregistre ses performances, qu’il s’agisse de courses, de sorties à vélo ou d’entraînements de toute sorte.
Sa popularité ne se dément pas avec 150 millions d’abonnés dans 185 pays. Comme sur d’autres réseaux sociaux, il faut vite montrer à tout le monde que tout va bien et que la vie est belle.
En Europe, la tendance des jockeys Strava est donc née. Qu’est-ce que ça mange en hiver, un jockey Strava? Des kilomètres de course pour embellir la réalité d’usagers qui n’ont pas le temps, l’intérêt ou la volonté pour courir, mais qui souhaitent tout de même vivre l’euphorie des félicitations liées à leurs supposées performances.
Bref, André ne veut pas courir, mais Anthony court pour lui et André récolte la gloire sur son Strava en payant Anthony. Anthony transmet ses données à André, qui les affiche, et le tour est joué. On est rendu là!
N’est-ce pas la quintessence de la superficialité de notre époque? Tentons d’y voir plus clair...
