Inflation : la Banque du Canada a-t-elle été trop accommodante?
Radio-Canada
La progression rapide de l’inflation de 6,7 % en mars sur une base annualisée, bien au-delà des attentes, illustre à quel point la Banque du Canada a tardé à rehausser son taux directeur. Ses prochaines décisions pourraient faire mal.
Les économistes de Desjardins, qui avaient jusqu’ici été plus réticents à faire des prévisions audacieuses quant aux décisions de la banque centrale du Canada, ont titré leur étude économique de mercredi en allusion à la période estivale : Inflation au Canada : chaud devant!
En effet, les institutions financières sont maintenant unanimes : à la lumière du bond fulgurant de l’indice des prix à la consommation le mois dernier, qui s'est établi à un sommet depuis janvier 1991, la Banque du Canada devrait augmenter son taux directeur de 50 points de base le 1er juin prochain après l’avoir fait une première fois en plus de 20 ans la semaine dernière.
Normalement, comme cela a été le cas au début de mars, les augmentations sont plus modérées, à 25 points de base.
Si cette prédiction se concrétise, le taux sera alors passé de 0,25 % à 1,5 % en seulement trois mois.
La pression sur le portefeuille des ménages qui ont contracté un prêt hypothécaire à taux variable au cours des deux dernières années ne passera pas inaperçue. Pour une maison de 400 000 $ avec une mise de fonds de 20 %, les versements peuvent par exemple grimper d’au moins 200 $ par mois.
Et ce ne sera pas terminé, puisque la Banque du Canada souhaite progressivement ramener l’inflation sous 3 % en 2023 et à la cible de 2 % en 2024.
Pour ce faire, plusieurs hausses du taux directeur seront donc nécessaires, de quoi franchir aisément le taux de 1,75 % d’avant la pandémie. Les marchés indiquent, d’après Bloomberg, que ce taux pourrait atteindre les 3,25 % l’année prochaine.
Au même moment, faut-il le rappeler, les prix des biens et des services ont respectivement explosé de 9,2 % et 4,3 % depuis un an. À vos budgets! D’autant plus que le pouvoir d’achat des Canadiens s’est effrité pendant ce temps : le salaire horaire moyen au pays n’a augmenté que de 3,4 %.