HLM : un budget rénovation utilisé pour de la construction
Radio-Canada
Le coordonnateur de la Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec (FLHLMQ) ne décolère pas. « Moi, j'aimerais ça que la ministre aille expliquer aux gens qui sont dans des taudis, dans du logement qui appartient au gouvernement, qu’on a l'argent mais qu'on fera les travaux plus tard. C'est inacceptable », soutient Robert Pilon, qui défend les droits des locataires depuis des années.
L’argent dont il est question ici est prévu dans l’entente Canada-Québec sur le logement (ECQL) : il s'agit d'une cagnotte de 2,2 milliards de dollars qui provient moitié-moitié des coffres d’Ottawa et de Québec pour entretenir les HLM de la province, qui en ont bien besoin. La majorité de ces immeubles appartiennent au gouvernement.
Cette entente, que Robert Pilon qualifie d’historique, a été conclue à l’automne 2020 entre les deux gouvernements. On était fous comme des balais, jusqu'à ce qu'on s'aperçoive que l'argent n'a pas été utilisé au profit de la rénovation des HLM, déplore ce militant.
En vertu de cette entente, l’argent doit être dépensé selon un calendrier bien précis d’ici 2028.
Or, à ce jour, pas un seul dollar des 2,2 milliards de dollars n'a été utilisé pour rénover des HLM. Toutes les sommes prévues pour les trois premières années, soit près de 170 millions de dollars, ont plutôt été consacrées à la construction de nouveaux logements abordables.
« Pour moi, c’est une trahison. »
Robert Pilon, de la FLHLMQ, n’est pas le seul à décrier cette situation. C’est aussi le cas d’Andrés Fontecilla, critique en matière de logement pour Québec solidaire. Pour moi, la priorité, ça devrait être d'utiliser ces montants-là pour le maintien du parc actuel, pour rénover, pour mettre à niveau les HLM en particulier [...], avant de m'embarquer dans la construction de nouveaux logements sociaux, explique le député de Laurier-Dorion à l’Assemblée nationale.
À son avis, il faut intervenir rapidement, à défaut de quoi la détérioration des immeubles va s'accélérer, ce qui entraînera une hausse des coûts.
Si Robert Pilon et Andrés Fontecilla réclament des rénovations le plus rapidement possible, c’est qu’une partie importante du parc québécois de HLM est en mauvais état.