Hausse des taux : stop ou encore?
Radio-Canada
Dans les années 1980, l’excentrique chanteur Plastic Bertrand se demandait : « Qu’est-ce que je fais? Je m’arrête ou j’continue? » Le 25 janvier prochain, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, fera face au même dilemme quant au sort à réserver aux taux d'intérêt : « stop ou encore? »
Pour rendre son verdict, l'institution regardera évidemment une multitude de données économiques avec, en premier lieu, l’inflation. Cette dernière est passée à 6,3 % en décembre sur une base annuelle, comparativement à 6,8 % en novembre. D’un mois à l’autre, l’indice des prix à la consommation a retraité de 0,6 %, une première depuis 2020.
Ça confirme les premiers signaux qu’on avait déjà depuis deux, trois mois, que le sommet de l’inflation était derrière nous, et que ça décélère, affirme l'économiste Clément Gignac. Maintenant, l’enjeu est de voir à quelle vitesse on ira vers la cible de la Banque du Canada de 2 %, souligne le sénateur, en entrevue avec Radio-Canada.
Pour Benoît Durocher, économiste principal chez Desjardins, la tendance baissière est bien amorcée et va même s'accélérer lors des prochains mois.
C'était grandement attendu, parce qu’on l’avait constaté en faisant le plein d’essence, que le prix avait baissé, ç’a joué pour beaucoup. Excluant les aliments et l’énergie, c’est stable depuis quelques mois. Pas encore de réelle tendance à la baisse, mais c’est une question de temps avant que ça suive, croit l'économiste Durocher.
Donc, l’inflation est bien loin de la cible, mais elle devrait encore s'affaiblir lors des prochains mois alors que l’effet marqué de la guerre en Ukraine (qui avait dopé l’inflation en 2022) se dissipera dans les données.
En moyenne depuis six mois, l’inflation augmente de 0,2 % mensuellement. Donc, les prix continuent à monter chaque mois, mais à des rythmes quand même beaucoup moins rapides qu'en mars ou avril l’an passé, poursuit M. Durocher.
Mais la Banque du Canada jette aussi un œil sur le marché de l’emploi. Et celui-ci demeure très dynamique avec une création de plus de 100 000 emplois en décembre. Si en général on applaudit ce genre de performance, ce n’est pas le cas actuellement.
« Le seul marché qui inquiète la Banque du Canada, c’est l’emploi. C’est encore très serré, les hausses salariales demeurent importantes… C’est le seul facteur qui pourrait inciter la Banque à garder les taux d’intérêt plus élevés pour un peu plus longtemps. »