En Suède, l’inflation à 12 % étouffe la population
Radio-Canada
En Suède, l'inflation atteint 11,7 %, un sommet pour l’Europe occidentale. Même si le filet social est important, les jeunes et les personnes en situation précaires en pâtissent dans la capitale. Les inégalités s’accentuent à un tel point que certains envisagent de partir.
Un mardi soir, la nuit est plutôt tranquille à Stockholm. Seules la vieille ville, Gamla Stan, et ses rues pavées de style médiéval semblent avoir envie de faire un peu la fête.
Quelques notes s’échappent des portes du Stampen, un cabaret de jazz mythique au plafond surchargé de trompettes suspendues. Beaucoup de grands noms du jazz y sont passés.
Mais ce soir-là, c’est Jon, un jeune contrebassiste, et ses amis, qui tentent d’emballer le maigre public rassemblé. Sentez-vous à l’aise de nous donner, même un tout petit peu, ça nous aide à vivre. Malgré ses appels, le pichet de bière vide censé recevoir les dons sonne creux à la fin de la soirée.
Je suis diplômé depuis deux ans du conservatoire. J’en vis depuis, mais maintenant, je sens que l’inflation m’affecte. Après la pandémie, les concerts ont recommencé, j’ai gagné un peu d’argent, mais maintenant, je suis pauvre.
Un de ses amis a quitté Stockholm face aux prix qui montaient tous azimuts. Lui pour l’instant, tient le coup, mais chaque mois, il n’arrive plus à mettre une couronne suédoise de côté. D’après le bureau central des statistiques suédoises, durant la dernière grande vague d’inflation il y a 30 ans, 7 % de la population était dans une pauvreté relative, c’est à dire avec 60 % ou moins du revenu médian. L’année dernière, ce pourcentage atteignait 14 %.
La Suède a pourtant des outils sur lesquels compter face à l’inflation. Par exemple, un système de loyer contrôlé à prix très abordable, qui a été mis sur pied dans l’après-guerre. Tous les citoyens peuvent y prétendre. Mais encore faut-il s’inscrire assez tôt pour trouver un toit. Face à la demande, l’attente pour accéder à ces appartements est désormais de près de 10 ans, selon Bloomberg.
Sinon, en sous-location, les prix explosent vite, comme le raconte Jon. Louer un appartement dans le centre de Stockholm, ça peut être plus de 2000 dollars par mois. Tous les musiciens n’en sont pas capables. Les dépenses du quotidien ont grimpé de manière folle. Beaucoup d’artistes [...] doivent trouver un boulot à côté pour compenser, en plus, comme travailler à l’épicerie, détaille le contrebassiste.
Le prix du beurre a augmenté de près d’un quart en 2022, comme la viande. Ces montants qui s’envolent ont donné envie à Fidjie d’en faire autant. En Suède depuis plus d’un an, la jeune femme, qui travaille dans une auberge de jeunesse d’un quartier branché de la capitale, compte rentrer en France, moins touchée par l’inflation, dans les prochains mois.