Churchill Falls : une alliance gagnant-gagnant pour le Québec et Terre-Neuve?
Radio-Canada
Le premier ministre François Legault et son homologue de Terre-Neuve-et-Labrador Andrew Furey ont entamé vendredi des discussions en vue du renouvellement du contrat d’approvisionnement en électricité de la centrale de Churchill Falls conclu entre les deux provinces en 1969.
Le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador peuvent-ils trouver une entente et un prix qui apaiseront la colère des Terre-Neuviens et qui assureront l’approvisionnement énergétique du Québec en vue d’un avenir carboneutre?
Entrevue avec l’ancien ministre libéral de l’Énergie Pierre Moreau, qui a défendu le contrat de 1969 devant la Cour suprême du Canada.
Pourquoi est-ce important d’avoir ces discussions un peu moins de 20 ans avant l’échéance du contrat?
Le renouvellement du contrat en 2041 peut paraître éloigné. Toutefois, si le contrat n'était pas renouvelé, même si j’en doute, cela obligerait le Québec à trouver d'autres sources d'approvisionnement pour compenser la perte de la production de Churchill Falls. Comme plan B, il faudrait donc un nouveau barrage qui pourrait prendre à peu près 15 ans à construire entre le moment de la conception et celui de la mise en service, ce qui serait très proche de la date d’échéance.
Beaucoup de Terre-Neuviens expriment du ressentiment à l’égard des termes de l’entente signée en 1969 avec Hydro-Québec et croient que leur province s’est fait avoir par le Québec. Est-ce le cas?
Non, ce n'est pas le cas. Pour comprendre l’entente, il faut faire un peu d’histoire. La compagnie Churchill Falls, en 1961, imagine le projet de construction de la centrale qu’on connaît aujourd’hui. Elle vient voir Hydro-Québec, qui existe depuis 1944, pour établir une entente.
Hydro-Québec, à cette époque, fait face à une hausse de la demande d'énergie dans la province. La société a la technologie et la main-d'œuvre pour développer des sources d'hydroélectricité sur le territoire du Québec. Au départ, elle dit non à Churchill Falls. Ça va prendre cinq ans avant qu'on signe une lettre d'entente, soit vers 1966, pour mettre en œuvre la construction du barrage de Churchill Falls.
Ce que Terre-Neuve veut, c’est venir chercher l’expertise d'Hydro-Québec. On lui demande de construire la ligne qui va amener l'électricité vers les consommateurs. On bénéficie donc, pour une très longue période de temps, d’un acheteur qui assume tous les dépassements de coûts de construction de la centrale.