Changements climatiques : où est l’ambition du Québec?
Radio-Canada
Miser sur notre savoir technologique pour développer davantage l’industrie éolienne ou poursuivre l’expansion d’une filière batteries pour les véhicules électriques va de soi. Cependant, notre ambition climatique ne peut s’appuyer que sur les technologies et le développement des énergies renouvelables ou de l’économie verte.
Il faut être ambitieux, sans être dogmatique, a dit le premier ministre François Legault dans son discours d’ouverture à propos de la lutte contre les changements climatiques. Cette déclaration est lourde de sens. Le premier ministre laisse-t-il entendre que les appels les plus pressants à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) relèvent d’un engagement quasi religieux ou obsessif, qui ne tient pas compte des autres priorités de la vie?
Espérons que non. Puisque la crise climatique actuelle, celle qui aura des répercussions majeures dans le quotidien de nos enfants et de nos petits-enfants, est un enjeu profondément économique, urgent et exigeant. C’est le combat de notre génération. Notre compétitivité et notre prospérité en dépendent.
Il ne faut pas être dogmatique dans nos ambitions, mais il faut être cohérent, et on ne peut pas amoindrir les efforts qui sont à faire en disant, simplement, que nous sommes les meilleurs. Le gouvernement Legault doit préparer l’économie des prochaines décennies, pour les prochaines générations, et il se doit d’être conscient de l’urgence climatique et d’être convaincu que des gestes audacieux doivent être posés.
Ces gestes audacieux sont des gestes économiques, ils sont aussi des gestes créateurs de richesse. Et la fierté dont a parlé François Legault à propos du niveau relativement faible des émissions de GES du Québec doit aussi s’incarner dans la capacité de notre nation à atteindre ses cibles. Le Québec n’a jamais respecté ses objectifs climatiques; ceux de 2020 ont été passés à la moulinette et ceux de 2030 ne seront pas atteints si la courbe d’émissions ne fléchit pas.
La réalité, c’est que tout est à faire. De 1990 à 2019, selon le dernier inventaire publié en décembre dernier, les émissions de GES du Québec ont diminué de seulement 2,7 %. Or, le Québec s’est donné une cible de réduction de 20 % en 2020, cible non atteinte, et de 37,5 % en 2030, cible qui sera difficile à respecter, vue d’ici.
Pendant ce temps, les émissions en Ontario ont baissé de 9,3 %, une réduction franchement plus importante qu’au Québec. Cela dit, l’Ontario émet davantage de GES que le Québec, la moyenne canadienne est plus élevée, et celle des États-Unis aussi.
En 2019, les émissions du Québec s’élevaient à 9,9 tonnes d’équivalent CO2 par habitant, contre 11,2 tonnes en Ontario et 19,4 tonnes en moyenne au Canada.
Ces données font dire à François Legault que nous sommes meilleurs que nos voisins, malgré une faible réduction des émissions au cours des dernières décennies.