Cette mine dont les Naskapis et les Innus ne veulent pas
Radio-Canada
« Cet endroit, c’est notre arrière-cour. Notre maison. C’est là qu’on pêche, qu’on chasse ». Il est hors de question pour Napess Vollant, jeune Naskapi de Kawawachikamach, de laisser la minière Century défigurer le lac Joyce, à environ 20 kilomètres de sa maison.
Voilà plusieurs années que le projet de la mine du lac Joyce est dans les tuyaux. La minière Century prévoit d’y produire 2,5 millions de tonnes de fer par an pour les transporter ensuite vers Sept-Îles. Une route d’une quarantaine de kilomètres doit aussi être construite.
Mais les Naskapis ne se réjouissent pas vraiment de ce projet. Napess Vollant, l’un des plus revendicatifs d'entre eux, a déjà tout prévu. Il a créé un groupe de discussion sur les réseaux sociaux et a fait imprimer des chandails aux revendications plutôt claires. C’est une fin de non-recevoir.
« Je suis prêt à me faire arrêter pour ça et beaucoup de mes amis aussi. Si on perd cette bataille, on perd tout. »
C’est assez. On a perdu les caribous il y a quelques années. Cet endroit, c’est ce qu’il nous reste pour trouver la paix, c’est notre jardin. Je pense beaucoup à tout ce que nos aînés y ont vécu, lance Napess Vollant en montrant son chandail fraîchement imprimé aux couleurs de ses revendications.
De son côté, la minière vend son projet. Par courriel, Allan Gan, le gestionnaire, rappelle que l'entreprise a récemment publié les résultats de l’étude de faisabilité. Ils démontrent un projet robuste qui va rapporter 185 millions de dollars et créer 300 emplois.
Pas de quoi convaincre Napess Vollant. Le Naskapi raconte tout ce qui se passe autour de ce lac que la minière prévoit d’assécher si le projet est validé.
Beaucoup d’Autochtones y ont un petit chalet et passent leur temps libre à y pêcher et y chasser. Selon la cheffe naskapie, Theresa Chemaganish, il y en aurait une vingtaine. Elle-même vient d'en faire construire un.
Shane Vollant, un Innu-Naskapi, en a un aussi. J'ai passé la plupart de ma jeunesse dans ce chalet. On y chasse l'outarde au printemps depuis des générations. La mine sera directement devant notre chalet, raconte-t-il, en ajoutant s'inquiéter pour la qualité de l'eau des lacs environnants qui risque de changer, selon lui, si la mine s'implante.