Avec l’inflation, tirer son épingle du jeu demande bien des acrobaties aux agriculteurs
Radio-Canada
Partout au pays, les agriculteurs sont sous pression en raison de la hausse des prix de l'essence, des engrais, de la moulée et du fourrage. Ils tirent cependant jusqu’ici leur épingle du jeu grâce à l’inflation qui leur permet de vendre plus cher leur production. En revanche, pour les consommateurs, l'addition risque d'être salée.
En Montérégie, la saison des semis bat son plein. Sous un soleil de plomb, les gigantesques tracteurs soulèvent des nuages de poussière au milieu de champs qui s’étalent à perte de vue dans la plaine.
Jérémie Letellier, producteur de grains à Napierville, arrête son semoir pour faire le point sur l'inflation. Sa machinerie est boulimique en diesel et le prix a doublé dans la dernière année pour atteindre 2 $. Dans le temps des semences, c'est une facture de 1500 $ à 2000 $ tous les trois jours, précise-t-il.
Pour le moment, il dépense sans réfléchir, il n’a pas le choix, mais il sait qu’au moment du bilan, la facture du carburant pèsera plus lourd que prévu dans la balance.
Le prix des hydrocarbures demeure cependant un problème secondaire. Cette année, le plus gros enjeu, c’est les engrais et les fertilisants, se désole-t-il, en parlant de son plus important poste de dépenses.
L'an dernier, la tonne d'engrais lui coûtait 500 $, en moyenne. Cette année, elle se chiffre à 1000 $. Et encore, il s’estime heureux. Pour les producteurs qui ont payé leur commande après le 2 mars, les tarifs peuvent grimper jusqu’à 1500 $ la tonne.
C’est ce mois-là que le gouvernement fédéral a imposé un droit de douane de 35 % sur les engrais provenant de Russie et de Biélorussie. Une des nombreuses pénalités décidées par Ottawa à la suite de l'invasion de l'Ukraine, mais qui handicape désormais de nombreux cultivateurs à travers tout le pays.
Jérémie Letellier espère que le gouvernement va revenir sur sa décision, car il est presque impossible de se passer des engrais russes. Les tarifs vont être transmis aux producteurs, ce n’est pas les Russes qui vont les payer, lâche-t-il un brin désabusé.
D’un autre côté, Jérémie Letellier a aussi de quoi se réjouir : la valeur de sa production a grimpé en flèche. Le prix du blé, par exemple, a doublé depuis deux ans. Si les tarifs se maintiennent, il n’y aura pas de problème, prévoit le cultivateur de blé, de maïs et de soya.