Surdoses : des organismes dénoncent les lois punitives et le traitement involontaire
Radio-Canada
Une coalition de huit organismes, soutenue par 79 organisations nationales et internationales, dénonce la politique « dévastatrice » du Canada en matière de drogues, qui ferait, selon eux, plus de mal que de bien dans la lutte contre la crise des surdoses au pays.
Dans une lettre envoyée au ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, au ministre de la Justice et procureur général, David Lametti, et à la ministre de la Santé mentale et des Dépendances, Carolyn Bennett, les organismes critiquent sévèrement la politique canadienne en matière de drogues, la qualifiant de punitive et de coercitive.
Ils exhortent Ottawa à publier une déclaration publique [...] pour dénoncer toute forme de soins et traitements coercitifs et non volontaires destinés aux toxicomanes à travers le Canada.
Corey Ranger, président de l'Association des infirmiers et infirmières en réduction des méfaits, l’un des organismes cosignataires de la lettre, a déclaré que, si des programmes comme le traitement obligatoire des patients en surdose enfreignent les droits individuels, leur efficacité est tout aussi préoccupante.
Corey Ranger a traité de nombreux toxicomanes au cours de sa carrière. Il affirme que les soins qui ne sont pas volontaires et les approches punitives ne fonctionnent tout simplement pas.
Il estime que le traitement obligatoire rompt la relation de confiance des utilisateurs avec les travailleurs de la santé et les travailleurs de rue. Cette méfiance conduit à l'isolement lorsque les individus ont besoin de demander du soutien et des soins.
Il ajoute que, par ailleurs, les personnes qui sont traitées pour leur dépendance ont peut-être vu leur tolérance artificiellement abaissée au cours du processus, ce qui a entraîné davantage de cas de rechute et de surdose par la suite.
Une étude du Département de psychiatrie de l'Université Columbia publiée en 2019 indique que les personnes souffrant d'une dépendance aux opioïdes courent un risque élevé de surdose après la fin de leur traitement, même lorsqu'elles ont été traitées pendant 18 mois.
En plus d'exhorter Ottawa à faire une déclaration contre le traitement involontaire ou coercitif de la consommation de drogues, les organismes demandent aux responsables de rencontrer les intervenants sur le terrain et les personnes concernées, y compris les toxicomanes.