Fonderie Horne : Québec a ignoré les alarmes de la santé publique régionale
Radio-Canada
La santé publique de l’Abitibi-Témiscamingue a fait face à des obstacles pour mesurer et faire connaître les risques liés aux émissions polluantes de la Fonderie Horne. Des documents obtenus par Radio-Canada révèlent qu’elle s’est plainte d’un manque de collaboration du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC).
Par ailleurs, les documents démontrent qu’à plusieurs reprises, le gouvernement Legault ne s’est pas fait l’écho des craintes exprimées par la direction de santé publique (DSPu) régionale, à partir de février 2019. Entre-temps, Glencore avait essayé de convaincre le gouvernement d’écarter la DSPu du dossier.
Grâce à la Loi sur l’accès aux documents, nous avons mis la main sur des lettres, des états de situation et des comptes rendus de rencontres qui permettent de dresser une chronologie des échanges et de l’état des connaissances du gouvernement dans les trois dernières années.
Le 10 mars 2021, alors que la limite d’émissions d’arsenic imposée à la Fonderie Horne est encore de 200 nanogrammes (67 fois la norme québécoise), la directrice régionale de santé publique de l’époque, Lyse Landry, écrit une lettre (Nouvelle fenêtre) au ministère de l’Environnement afin d’obtenir les données journalières de stations de mesures de la qualité de l’air de Rouyn-Noranda, entre 2017 et 2020. Elle en a besoin pour mener à bien son enquête au sujet des risques pour la population.
Deux mois plus tard, elle n’a toujours rien reçu, malgré deux relances. Le 3 mai, elle écrit (Nouvelle fenêtre) : Jusqu’à présent, aucun suivi n’a été reçu de votre part à cet effet. [...] La direction régionale de santé publique (DSPu) vous prie de lui fournir ces informations dans les plus brefs délais, soit d’ici le 17 mai. Elle réitère son impatience le 11 mai, dans une autre lettre (Nouvelle fenêtre).
« La DSPu comprend difficilement le retard à transmettre ces informations, considérant qu’elles ne nécessitent pratiquement aucun traitement de la part de votre ministère avant transfert. »
La santé publique régionale recevra finalement les documents le 27 mai, soit deux mois et demi après sa demande. Et les données ne correspondent pas exactement à ce qui était requis.
On peut lire dans un autre courrier (Nouvelle fenêtre) : La DSPu avait formellement demandé des données journalières et a reçu des données mensuelles. Par ailleurs, la santé publique n’a pas reçu les données pour l’année 2020.
« En portant ces éléments à votre attention, la DSPu tient à vous exprimer que cette situation, ajoutée à celle résumée ci-dessus, ne fait pas état de l’esprit de collaboration qui devrait prévaloir entre les deux ministères. »