Des agriculteurs de l’État de Washington accusent le Canada de polluer leurs eaux
Radio-Canada
Des échantillons d'eau prélevés près de la frontière canado-américaine dans le comté de Whatcom, dans l’État de Washington, ont montré des taux élevés d'E. coli, poussant des agriculteurs à demander aux gouvernements des deux côtés de la frontière d'agir.
Fred Likkel, directeur général de Whatcom Family Farmers, et Larry Stap, producteur laitier et président du North Lynden Watershed Improvement District, tirent dès lors la sonnette d'alarme sur un problème qui, selon eux, s'est aggravé depuis la fin d'une collaboration entre la Colombie-Britannique et l'État de Washington il y a deux ans.
Le défi d'avoir un droit à la frontière est qu’il est difficile de vérifier ce qui se passe de l’autre côté, estiment les deux agriculteurs. Nous n'avons donc vraiment aucune idée avec certitude, reconnaît Fred Likkel.
Selon l’hydrogéologue Gilles Wendling, la présence de ces contaminants peut en effet provenir de différentes sources. Selon lui, c'est très probablement ce qui se passe du fait des activités agricoles dans la région d’Abbotsford.
Les cours d’eau en question, explique-t-il, se trouvent en aval de la vallée du Fraser. Ce qui fait qu’il y a des écoulements d'eau souterraine et d'eaux de surface en direction des États-Unis. Par conséquent, ces fermiers qui habitent de l'autre côté de la frontière ont leurs eaux qui sont affectées.
« Si l’on a des activités agricoles, d'épandage de fumier ou des activités reliées à l'élevage des poules, etc., tout ça, ça peut être des sources de matière organique qui peuvent affecter la qualité de l’eau. »
Par ailleurs, il n’est pas exclu que ces coliformes aient proliféré à la suite des inondations de novembre 2021. Gilles Wendling ajoute que lors de cette catastrophe, de nombreuses terres, qui sont d'habitude sèches ou pas exposées directement à l'eau, se sont retrouvées couvertes d'eau.
Alors, si ces terres étaient riches en matière organique, en fertilisant, et [en pesticides] il est possible qu’il y ait eu des phénomènes de dissolution et de mobilisation de produits organiques en surface vers les eaux souterraines. Et comme ces eaux souterraines se déplacent plus lentement, quelques centaines de mètres par an, précise l’expert, c'est vrai qu'il peut y avoir un effet différé.
Non seulement vous allez affecter la vie des espèces dans ce cours d'eau, mais vous commencez alors à déverser tout cela sur les bancs d'huîtres, les bancs de coquillages. Oui, cela nous inquiète, lance Fred Likkel. Bien que cette pollution ne risque pas de le mettre sur la paille, le fermier rappelle que son métier est de protéger l'environnement tout en prenant soin de [sa] ferme.