Coup d’État au Burkina Faso : des Canadiens d’origine burkinaise réagissent
Radio-Canada
Depuis lundi, des militaires se réclamant du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) ont pris le pouvoir au Burkina Faso, mettant fin au régime du président Roch Marc Christian Kaboré. C’est avec une attention particulière que des Burkinais de Toronto suivent depuis dimanche la situation dans leur pays d’origine.
Pour Edgard Moné, la destitution du président Roch Kaboré, peu importe les raisons, est un acte qui porte un coup dur à la démocratie burkinaise.
« C’est une profonde tristesse de réaliser que toute l'Afrique de l'Ouest est en train de basculer dans une logique de coup d'État pour mettre fin à des régimes démocratiquement élus. C’est quand même un recul démocratique. »
Il pense néanmoins que c’est une situation qui aurait pu être évitée si les autorités déchues avaient pris en compte les revendications de la population burkinabé, à savoir l’amélioration de la situation sociale et la lutte contre l'insécurité dans le pays. On voyait la chose arriver et les tenants du pouvoir n’ont pas fait une bonne lecture de ce qui devait arriver, dit-il.
Marc Arnaud Kambou, président intérimaire des Burkinabés du Grand Toronto n’est pas non plus surpris de la tournure des événements. Des mutineries ont eu lieu dimanche dans plusieurs casernes militaires. Les populations attendaient cela et de vrais changements, déclare-t-il.
Depuis plusieurs mois, des membres de la société civile manifestent dans plusieurs villes du Burkina Faso afin de dénoncer des attaques djihadistes et la détérioration de la situation socio-économique dans le pays.
Pour justifier leur coup d'État, les militaires ont évoqué eux aussi des faiblesses du gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré dans la lutte contre le terrorisme.
Le coup d’État au Burkina Faso intervient après de lourdes sanctions prises contre la junte militaire au pouvoir au Mali par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). M. Moné craint que son pays connaisse le même sort. Ça m'inquiète. Si tout se ferme, ce sera difficile pour les populations sur place. Et puis on est dans une situation de pandémie, craint le Torontois.
Marc Arnaud Kambou appelle pour sa part la Communauté économique des États de l'Afrique de l'OuestCEDEAO à ne pas sanctionner son pays, car il pense que l’institution sous-régionale devrait se ranger du côté des peuples et non des gouvernements.