Comment des étudiants étrangers francophones sont refusés par Ottawa
Radio-Canada
Mathieu Piché est dépité. Depuis des mois, ce professeur du Département d’anatomie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) tente de recruter des étudiants étrangers pour son laboratoire de recherche.
Mais il se heurte, sans arrêt, au ministère fédéral de l’Immigration (IRCC), qui refuse en bloc les demandes de permis d’études de ces derniers, malgré l’approbation initiale de Québec.
Les motifs de refus sont ridicules, juge-t-il. Il évoque l’exemple d’une médecin en Algérie, qui souhaite réaliser une formation à ses côtés. Elle a un travail dans son pays, un statut important, mais Immigration Canada a refusé sa demande en disant ne pas croire à son retour dans son pays, après ses études.
Je comprends l’importance d’éviter les fraudes et de s’assurer que les candidats sont sérieux, mais là, les motifs ne sont pas transparents, soutient-il.
« Ça n’a pas de bon sens. Il y a un problème de fond à régler [avec Immigration Canada]. Ces refus nous nuisent énormément. »
J’essaie de recruter des étudiants étrangers hyper qualifiés. C’est bien pour le Canada, c’est une compétence et une expertise qui enrichissent notre pays. Ils peuvent ensuite rentrer chez eux ou rester ici. Il n’y a rien de mal à ça, bien au contraire, estime le chercheur.
Depuis plusieurs années, de multiples établissements scolaires québécois s’étonnent de la décision d’Immigration Canada de refuser massivement certains étudiants francophones étrangers. De nombreux candidats ont également contacté Radio-Canada, frustrés par les explications fournies par le ministère fédéral.
Selon des données que nous avons obtenues, le taux de refus de demandes de permis d'études – tous pays confondus – a bondi au Québec. Il est passé de 36 % en 2017 à 61 % l'an passé. Dans le même temps, pourtant, dans l'ensemble du Canada, ce nombre est moins élevé.
Le Cégep de Thetford a, lui, pu accueillir, cet automne, six étudiants étrangers, mais il avait accepté initialement une centaine de demandes, provenant principalement d’Afrique francophone.