Coûts des gicleurs obligatoires : 15 % des RPA du Québec pourraient devoir fermer
Radio-Canada
Les yeux de Sylvie Larochelle pétillent encore lorsqu’elle parle à ses résidents dans la salle à manger de sa petite résidence privée pour aînés de 12 chambres, à Saint-Prosper, en Beauce. Mais la propriétaire de 61 ans est fatiguée. La pandémie a été dure. Et le prochain dossier sur son bureau la décourage : l’obligation de munir sa résidence de gicleurs.
Elle n'est pas la seule à vivre cette inquiétude. On estime que cette obligation gouvernementale, imposée à la suite de la tragédie de L'Isle-Verte, dans laquelle 32 personnes ont perdu la vie en 2014, pourrait entraîner la fermeture de plus de 75 établissements au Québec en raison des coûts liés à l'installation de gicleurs.
La situation est telle que, pour une deuxième fois, le gouvernement du Québec a repoussé l'échéance obligeant les Résidences privées pour aînés (RPA) à se munir de gicleurs. La nouvelle date limite : décembre 2024.
On est rendu à 151 767 $, lance Sylvie Larochelle. Ça, c’est la soumission de juin 2022! Avec la COVID, tout a augmenté, on ne se le cachera pas.
La pression financière est trop élevée pour la propriétaire, au moment où tout augmente, les salaires des employés comme le prix de l’épicerie.
« Il faudrait que je me réendette quasiment le prix de la bâtisse pour mettre des gicleurs. »
La résidence Beau Séjour 2003 est de plain-pied, c'est-à-dire sur un seul niveau. La propriétaire et ses employés ne comprennent donc pas qu'on leur impose l’obligation d’installer des gicleurs, puisque toutes les chambres ont des portes patio pour aller à l’extérieur.
Dans la paroisse, ici, il y en a trois qui ont fermé. Je suis la dernière qui est ouverte, ajoute Mme Larochelle.
Depuis 2020, dans la région de Chaudière-Appalaches, 25 résidences privées pour aînés ont fermé. La région a ainsi perdu presque 200 lits.