Chefferie du Parti conservateur fédéral : la fracture du passé ressurgit en Alberta
Radio-Canada
Les six aspirants chefs du Parti conservateur du Canada s’affronteront dans un premier débat officiel ce soir à Edmonton, une semaine après un premier échange acrimonieux à Ottawa. Alors que les membres s’interrogent sur la direction que doit prendre le parti, nulle part ce dilemme n'est aussi présent qu’en Alberta, terre conservatrice par excellence.
L’organisatrice politique Sarah Biggs a rarement vu la base conservatrice albertaine aussi divisée. C’est dur de dire vers quel chemin le parti se dirige. En Alberta, la fracture ressemble de plus en plus à celle du Parti réformiste et du Parti progressiste-conservateur des années 1990, début 2000, estime-t-elle.
Elle voit deux camps se dessiner : Leslyn Lewis, Roman Baber et Pierre Poilievre incarnent les nouveaux réformistes, tandis que Scott Aitchison, Jean Charest et Patrick Brown représentent la vieille garde conservatrice. Les deux camps luttent à leur manière pour faire valoir leur plan pour l’avenir du parti : élargir la grande tente conservatrice ou se replier sur les valeurs centrales du parti.
Le député de Carleton, Pierre Poilievre, vu par plusieurs comme le meneur de la course, semble prendre la deuxième voie, mais en parlant de thèmes larges, comme l’inflation et l’abordabilité du logement. Son discours a attiré Taleesha Thorogood, une jeune Calgarienne travaillant dans le domaine des relations gouvernementales.
Celle-ci croit que Pierre Poilievre incarne les vraies valeurs conservatrices, soit un gouvernement de petite taille et un accent mis sur la famille et les choix individuels.
Je crois que les Albertains, et les Canadiens plus généralement, sont à la recherche d’un chef authentique qui sera honnête à propos de ses valeurs durant toute la course à la chefferie, mais aussi lors de l’élection générale. Je crois que c’est primordial de bâtir cette confiance au sein de l’électorat, affirme celle qui a décidé de devenir bénévole pour le candidat.
Le spectre du chef précédent, Erin O’Toole, a laissé sa marque dans l’esprit de plusieurs, lui qui a été accusé de se présenter comme un vrai bleu, pour ensuite afficher un visage modéré dans l’élection fédérale de l’automne dernier.
« Nous ne gagnons jamais lorsque nous prétendons être ce que nous ne sommes pas. »
Elle croit par ailleurs que si l’entente entre le néo-démocrates et les libéraux tient la route pour quatre ans, les Canadiens auront soif de changement à la prochaine élection en 2025, ce qui devrait favoriser les conservateurs. C’est la meilleure occasion que nous ayons, croit-elle.