Un chemin forestier bloqué depuis un an à Manawan
Radio-Canada
La fumée sort de quelques carrés de tentes dressées au barrage du kilomètre 60, entre Saint-Michel-des-Saints et le village atikamekw de Manawan. En cette matinée de fin janvier, l’activité est calme.
Quelques traces sur la neige témoignent d’une faible circulation vers le chemin forestier en direction de La Tuque : quelques villégiateurs, chasseurs, Atikamekw ou gens de pourvoirie. Il y a un an, de nombreux camions de bois y passaient. Au barrage, deux personnes maintiennent la garde.
Le grand panneau qui rappelle aux passants qu’ici, c’est le Nitaskinan, territoire ancestral atikamekw, trône toujours à l’avant. Il y a un an, une première entreprise forestière avait dû cesser ses activités sur un territoire familial à la demande de la famille Echaquan.
Puis, la famille Dubé avait à son tour demandé la fin des activités d’une deuxième entreprise à cause notamment d’un chemin forestier aménagé au milieu d’une érablière qui devait être protégée. Une enquête avait conclu à une responsabilité partagée entre le gouvernement et la compagnie.
Dressé il y a un an, le barrage tient toujours, jour et nuit. Deux hommes tiennent la garde ce matin. Alain Ottawa sort de sa caravane pour vérifier qui souhaite passer.
Cet Atikamekw reste en permanence au kilomètre 60. Dans un carré de bois, la télévision propose un programme de sport, de l’eau chauffe sur le poêle à bois, le froid se fait mordant dehors et le confort est minime. Mais cela ne dérange pas l’homme de 52 ans.
Il brandit un panneau qu’il a confectionné avec une citation que de nombreux Atikamekw récitent quand ils parlent de notcimik, la forêt. Le mot veut aussi dire là d’où je viens en atikamekw nehirowimowin.
C’est ma vie, je suis venu au monde ici, je vais mourir ici, lance Alain Ottawa avant même qu’on lui pose une question. Il aime Manawan, mais l’important pour [sa] communauté, c’est le territoire!
« Si je restais à Manawan, c’est comme si je ne faisais rien pour mon territoire. Je ne suis pas venu pour faire la guerre, pas juste pour barrer le chemin. Je suis ici juste pour sensibiliser… que le bois, c’est notre vie. »
