Rideaux baissés et barricades au Soudan, en deuil pour les antiputschs
Radio-Canada
Certains n'ont pas ouvert leur magasin, d'autres montent des barricades et des centaines d'autres encore manifestent : mardi, le Soudan s'est mobilisé pour dénoncer la répression sanglante de la veille, lorsque sept manifestants hostiles au pouvoir militaire ont été tués par balle.
Magasin fermé pour cause de deuil, proclament des affichettes collées sur les rideaux baissés des échoppes d'Al-Sajane, énorme marché de gros pour les matériaux de construction de Khartoum totalement à l'arrêt mardi.
L'un de ses commerçants, Othmane El-Chérif, a été tué par balle lundi, au cours d'une des journées les plus sanglantes depuis le coup d'État du général Abdel Fattah Al-Burhane, le 25 octobre.
Depuis cette date, 71 manifestants ont été emportés par une répression qui ne faiblit pas, en dépit des appels au calme venus de l'étranger. La police, elle, affirme que des manifestants ont poignardé à mort un de ses généraux.
Lundi, les forces de sécurité avaient pour la première fois sorti leurs armes lourdes et n'ont pas hésité à ouvrir le feu, selon les témoins sur place et l'ensemble des chancelleries occidentales, même si la police a réaffirmé mardi n'avoir jamais tiré.
Le général Burhane, seul aux commandes du pays après avoir écarté tous les pro-civils du pouvoir depuis son coup de force, a promis mardi une commission d'enquête qui devra rendre ses conclusions sous 72 heures, a-t-il annoncé.
Mais déjà, c'est sous sa direction qu'une réunion du Conseil de défense a décidé lundi de créer une nouvelle force spéciale antiterroriste, faisant redouter une aggravation de la répression des opposants.
Pour dire Non aux tueries de manifestants pacifiques, comme l'affirment leurs pancartes, ils étaient mardi des centaines à bloquer des routes avec des barricades de fortune à Khartoum et dans ses banlieues, mais aussi à manifester à Al-Damazine, dans le sud-est du pays, à El-Obeid, dans le sud, ou à Kassala, dans l'est, selon des témoins dans ces différentes provinces.
Dans le turbulent quartier de Bourri, dans l'est de la capitale, les forces de sécurité tentent de briser les barricades avec des tirs de grenades lacrymogènes, sans pour autant empêcher les jeunes manifestants de revenir sur leurs barrages de branchages et de pierres.