Monsieur Bouboule de Patrice Leconte : « Un roman léger sur un homme lourd »
Radio-Canada
Artiste surtout connu des cinéphiles, Patrice Leconte a fait bon usage de son nom prédestiné en œuvrant dans une variété de disciplines culturelles au cours de sa longue carrière, mettant à profit ses talents de conteur tant au théâtre que dans la bande dessinée ou dans la littérature.
C’est sur le tard que le réalisateur de Ridicule, Les Bronzés et La fille sur le pont s’est initié à l’écriture de romans. Il y a une douzaine d’années, son ami Richard Ducousset, directeur de la prestigieuse maison d’édition Albin Michel, l’a mis au défi de lui soumettre un manuscrit. C’est ainsi qu’est né Les Femmes aux cheveux courts, publié en 2009, quand Patrice Leconte avait 61 ans.
Son sixième roman, Monsieur Bouboule, a fait son apparition dans les librairies québécoises à la mi-novembre. L'intrigue, teintée d’humour noir, porte sur la relation entre un journaliste à potins et un fonctionnaire obèse et suicidaire.
« On l’appelait Bouboule depuis l’enfance, et il ne semblait pas malheureux, malgré sa solitude et sa corpulence. Mais il finit par m’avouer qu’être aussi gros lui pesait trop, et qu’il avait pris la décision de se balancer depuis la fenêtre de son huitième étage le jour où il pèserait 180 kilos. Il en pesait alors 177. Si je n’arrivais pas à le détourner de son projet macabre, je perdrais mon nouvel ami dans 3 kilos. »
La rencontre avec ce monsieur Bouboule, qui est un personnage complètement inventé, ce n’est pas du tout pour me moquer des gens qui sont en surpoids, assure Patrice Leconte.
Les personnes très volumineuses me touchent infiniment. J’ai beaucoup d’affection pour les gens très très gros, dont on se moque souvent, à tort, parce que c’est des gens qui bien souvent ont honte d’être si gros, s’excusent quand ils prennent de la place. J’ai voulu écrire un roman léger sur un homme lourd.
Résidant dans un pays particulièrement obsédé par les régimes minceur, l’écrivain français affirme qu’il s’identifie à son protagoniste, parce que lui-même aurait pu être un petit monsieur Bouboule.
« J’ai été un enfant assez rondouillard, on m’appelait Babar ; c’est le nom d’un éléphant, on ne m’appelait pas ″la gazelle″. Je mangeais de bon appétit, ma mère faisait très bien la cuisine, je ne me limitais pas. »
Et puis est arrivé le moment de la puberté. Un moment où on se dit que, si on est gros, on va moins facilement plaire aux filles. Donc j’ai arrêté d’être gros parce que j’ai arrêté de manger trop, j'ai arrêté d’être gourmand.