Les dépenses militaires mondiales s’emballent
Radio-Canada
L’invasion russe n'a pas inversé les tendances, mais elle a plutôt accéléré des mouvements existants, estime Lucie Béraud-Sudreau, directrice du programme de recherche Dépenses militaires et production d’armement, au Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).
Les dépenses en armement des pays membres de l’UE et du Royaume-Uni, en baisse après la crise économique de 2008-2009 et l’adoption de politiques d’austérité, avaient commencé à augmenter en 2014, à la suite de l'invasion de la Crimée par la Russie, observe-t-elle.
« L'Europe était sur une trajectoire d'augmentation avant le 24 février 2022 [...] L'invasion russe a accéléré cette tendance qui était déjà là. »
Les pressions américaines, et notamment les remontrances très publiques de l’ex-président américain Donald Trump, avaient également contribué à ce que les pays membres de l’OTAN rehaussent leurs dépenses militaires. Après le 24 février 2022, ce réinvestissement a acquis une nouvelle urgence.
Lors d'un sommet extraordinaire, en mars 2022, les membres de l'OTAN ont ainsi convenu d'accélérer [leurs] efforts en vue de consacrer 2 % du PIB à leurs dépenses militaires, comme convenu en 2014 à Glasgow.
La Grèce, la Lituanie, la Lettonie et la Slovaquie sont les pays qui ont le plus augmenté leur participation en proportion de leur PIB.
L’Allemagne n'y est pas encore, mais le chancelier Olaf Scholz s'est engagé le 27 février 2022 à atteindre la cible, annonçant du même souffle une enveloppe exceptionnelle de 100 milliards d’euros sur cinq ans pour moderniser son armée.
« Nous devons donc nous demander : quelles sont les capacités de la Russie de Poutine? Et de quelles capacités avons-nous besoin pour faire face à cette menace, aujourd’hui et à l’avenir? Il est clair que nous devons investir beaucoup plus dans la sécurité de notre pays afin de protéger notre liberté et notre démocratie. »
Avec cette annonce, l'Allemagne va devenir le pays qui dépense le plus pour son armée devant la France, et potentiellement aussi devant le Royaume-Uni, note Lucie Béraud-Sudreau. Cela peut venir changer des dynamiques politiques en Europe.