Le procès de Marc-André Grenon pourrait se tenir ailleurs qu’à Saguenay
Radio-Canada
Le présumé assassin Marc-André Grenon était de retour devant le tribunal aujourd’hui afin de débattre du lieu où se tiendra son procès pour le meurtre prémédité de Guylaine Potvin, survenu il y a 23 ans à Jonquière.
Ce procès devant jury, qui doit durer cinq ou six semaines, est prévu cet automne. L’avocate de l’accusé, Karine Poliquin, conteste le lieu où se tiendront les procédures judiciaires. Elle estime qu’il sera impossible de former un jury impartial dans le district de Chicoutimi en raison de la couverture médiatique préjudiciable à son client. Elle demande donc que le procès se déroule ailleurs au Québec pour ne pas compromettre le droit de Marc-André Grenon à un procès juste et équitable.
Habituellement, un crime doit être jugé dans le district où il a été commis. C’est ce que préconise la direction des poursuites criminelles et pénales qui s’oppose au changement de district judiciaire. Le procureur Pierre-Alexandre Bernard estime que le droit constitutionnel de Marc-André Grenon pourra être respecté à Chicoutimi.
Notre position, à nous la poursuite, est à l’effet qu’il faut également sous-peser dans cette décision, ou dans cet argumentaire-là, les droits de la communauté de Chicoutimi et les droits de la famille de la victime Guylaine Potvin. Donc quand je réitère les droits de la communauté, on parle du droit de savoir et de connaître l’ampleur des débats judiciaires pour des crimes allégués avoir été commis dans leur communauté, a indiqué Me Bernard à la sortie des audiences.
Les parents de la victime souhaitent que le procès se déroule près de chez eux, a-t-il fait savoir en entrevue. Ils suivent les débats depuis très longtemps et ils désirent que le tout se déroule dans le district de Chicoutimi. Le père et la mère de Guylaine Potvin étaient d’ailleurs présents lors de la dernière comparution du présumé meurtrier de leur fille. Ces derniers, qui habitent à Saint-Eugène-d’Argentenay, au nord du Lac-Saint-Jean, sont déjà à deux heures de route du palais de justice de Chicoutimi.
À la demande de la défense, le contenu des audiences sur la requête en changement de venue est frappé d’une ordonnance de non-publication, tant pour le contenu des représentations devant la cour que pour la preuve offerte au tribunal. Le juge François Huot a estimé que de rapporter la teneur de ces débats dans les médias fournirait de l’eau au moulin à la défense. Il a pris la requête en délibéré et assuré qu’il va tenir compte des intérêts de l’accusé, mais aussi de ceux de la famille de la victime et de la communauté concernée par ce drame.
Les audiences sur cette requête se sont tenues exceptionnellement au palais de justice de Québec. Comme le juge François Huot était en attente d'un verdict du jury dans un autre dossier, il lui était impossible de se déplacer au Saguenay, comme prévu initialement, pour entendre les deux parties. Une dizaine de personnes ont toutefois pu suivre les représentations en visioconférence au palais de justice de Chicoutimi. Une salle avait été spécialement ouverte pour eux.
Marc-André Grenon était présent en salle de cour à Québec. Il est apparu menotté derrière la baie vitrée des accusés. Il portait un chandail gris et arborait une longue barbe. Il a jeté un vif regard vers la salle d’audience, puis d’un air inébranlable, a suivi avec attention les représentations des deux parties et les commentaires du juge.