La conversion du caucus conservateur
Radio-Canada
L’adoption surprise et rapide du projet de loi contre les thérapies de conversion constitue une victoire pour le gouvernement libéral, mais devrait également servir d’avertissement pour Justin Trudeau.
On sentait qu’il se tramait quelque chose sur la colline du Parlement dès mercredi matin, quand le chef Erin O’Toole a émergé de sa rencontre du caucus conservateur avec un sourire énigmatique aux lèvres.
Nous allons accélérer le passage du projet de loi C-4 pour interdire les thérapies de conversion, a lancé Erin O’Toole. Une déclaration surprenante, puisque plus de la moitié de ses députés avaient voté contre un projet de loi semblable lors du Parlement précédent.
Mais le véritable coup d’éclat est survenu en après-midi, quand le député conservateur Rob Moore a demandé le consentement unanime de la Chambre pour l’adoption immédiate de C-4, sans débat ni étude en comité.
Il suffisait qu’un seul député crie non en Chambre pour faire échouer la motion.
Suspense. Silence. Les rangs des conservateurs sociaux, tête baissée, se sont tus. La motion a été adoptée, sous les cris de joie des deux côtés de la Chambre et les accolades des libéraux qui remercient leurs vis-à-vis conservateurs.
Une victoire dont je vais me souvenir jusqu’à mes 90 ans, a lancé le ministre ouvertement homosexuel Randy Boissonnault. Un soulagement de ne pas assister à un autre débat déchirant pour ma communauté, a renchéri la ministre Pascale St-Onge.
C’était un rare moment d’unité aux Communes, mais qui n’était pas entièrement dénué de calcul politique.
En acceptant d'accélérer l’adoption d’un projet de loi qu’ils ont tout fait pour ralentir il y a à peine six mois, les conservateurs renoncent à une joute qu’ils savaient perdue d’avance. Ils évitent de faire ressortir les divisions internes au sein de leur caucus.