L’ex-grand patron des procureurs québécois se lance en politique avec le PLQ
Radio-Canada
En total désaccord avec la façon dont Simon Jolin-Barrette gère le ministère de la Justice, Me André Albert Morin a décidé de joindre le Parti libéral du Québec (PLQ) pour pouvoir l'affronter dans l'arène politique.
Récemment retraité comme procureur fédéral en chef du Service des poursuites pénales du Canada pour la région de Québec, il confirme à Radio-Canada qu'il sera candidat dans le comté de l'Acadie aux prochaines élections.
« Je regarde ce qui se passe actuellement au Québec dans le domaine de la justice et ça m'inquiète. J'ai des craintes. Je pense que le système ne fonctionne pas comme il le devrait. J'ai le goût de passer à l'avant-scène pour réformer les choses qui ne tournent pas rond. »
Me Morin, qui a plaidé devant toutes les instances judiciaires québécoises, veut non seulement qu'un plus grand nombre de citoyens ait accès au système juridique, mais aussi redonner à ce dernier l'indépendance nécessaire.
Je pense que M. Jolin-Barrette a de la difficulté à comprendre ce que doit être le rôle d'un procureur général. Ce que je vois jusqu'à maintenant, c'est beaucoup d'affrontements et ça vient me chercher. [...] Toute la tension, par exemple, qu'il a créée avec la juge en chef de la Cour du Québec. Pour moi, ce n'est pas acceptable! L'indépendance des tribunaux est un élément fondamental de notre société et de notre droit. De vouloir toujours s'immiscer et empiéter sur cette indépendance-là, ce n'est pas sain pour notre démocratie ni pour le Québec, affirme-t-il, en entrevue avec notre bureau parlementaire.
Me Morin fait référence aux nombreux désaccords publics entre la juge Lucie Rondeau et le ministre Simon Jolin-Barrette. D'abord, ils ont croisé le fer lors de la création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et conjugale, qui menace l'impartialité de la cour, selon la juge Rondeau.
Mme Rondeau a aussi décrété que les juges de la Chambre criminelle ne siégeront qu'une journée sur deux (plutôt que deux jours sur trois) à compter de septembre, afin de leur donner plus de temps pour rendre des décisions complexes par écrit. Inquiet des délais potentiels, le ministre lui a demandé de revoir sa décision.
Le torchon brûle également entre les deux au sujet du bilinguisme des juges. Estimant que les avocats devraient tous avoir des chances égales d'accéder à la magistrature, le ministre a tenté de modifier le processus de sélection des juges pour éviter que la maîtrise de l'anglais soit exigée. La Cour supérieure avait jugé son intervention illégale.
Me André Albert Morin se défend de manquer lui-même d'indépendance en semblant se ranger du côté de la juge Rondeau. Le processus de sélection au Québec fonctionne depuis des années. Ce n'est pas nouveau et ça fonctionne très bien! Cette attitude du ministre est difficile à comprendre et elle est même choquante! Je ne dis pas à Mme Rondeau ce qu'elle doit faire, bien au contraire! Il faut laisser la magistrature faire son travail.