Féminicides : des femmes tirent de nouveau la sonnette d’alarme
Radio-Canada
La mort d’une Gaspésienne jeudi dernier, poignardée par son conjoint, est le 5e féminicide depuis le début de l’année, le troisième dans le dernier mois.
Depuis le début du mois d’avril, on compte trois féminicides. C’est trois féminicides de trop, s’insurge Maud Pontel, coordonnatrice générale de l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour les femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2).
D’après elle, l’amorce du déconfinement participe à un regain de la violence conjugale. À chaque vague de déconfinement, il y a eu une augmentation des féminicides, donc on peut faire le lien entre le déconfinement et les risques de passage à l’acte et donc de féminicides, observe-t-elle.
Nancy Gough, appréhende elle aussi le déconfinement comme une période charnière. La co-porte-parole de l’Alliance gaspésienne d'aide et d'hébergement de la Gaspésie et directrice de la maison d’aide et d’hébergement l’Émergence dans la Baie-des-Chaleurs, s'attend à une augmentation des demandes d'aide et des violences physiques plus graves.
Elle explique que la crise sanitaire, avec le confinement, est venue prédisposer davantage les femmes à subir des violences conjugales.
Lorsqu’un déconfinement est annoncé, où il y a une reprise d’activités, les femmes reprennent contact avec leurs proches, avec leurs amis, avec des ressources dans la communauté. Pour le conjoint, ça peut être vécu comme une perte de contrôle, avance-t-elle.
Ça peut prendre du temps pour qu’une femme réalise qu’elle se trouve dans une relation toxique, problématique et qu’elle est en danger, rappelle Maud Pontel d’Alliance MH2. Détecter des violences conjugales peut être extrêmement difficile, dit-elle.
« Même les victimes ne sont parfois pas en mesure d'identifier qu’elles sont dans une dynamique de violence conjugale. »
Plusieurs intervenantes lancent un appel aux victimes, et à leur entourage, de veiller à toujours préserver leur sécurité.