En pleine crise du logement, l’industrie de la construction est au point mort
Radio-Canada
La crise du logement n'est pas à la veille de se résorber au Québec, du moins à en croire les données publiées jeudi par l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).
On vient de connaître le pire mois de mai en plus de 25 ans, lâche son directeur économique, Paul Cardinal, en entrevue au téléphone. Le bulletin de l'habitation de l'APCHQ montre que les mises en chantier sont en chute libre partout au Québec. C'est une baisse de 62 % pour l'ensemble de la province, le mois dernier, par rapport à mai 2022.
À Montréal seulement, cette chute atteint 73 %. À peine 800 chantiers ont été lancés en mai sur l'île, alors qu'à pareille date en 2022, on en dénombrait tout près de 3000.
Mais la métropole est loin d'être la seule. Toutes les régions métropolitaines de la province ont connu un mois de mai désolant, selon l'APCHQ.
Les causes de ce ralentissement évoquées par M. Cardinal sont les suspects habituels : la hausse des taux d'intérêt, l'explosion du coût des matériaux et la pénurie de main-d'œuvre sur les chantiers. Une litanie, toute comptable qu'elle soit, qui a des impacts concrets dans les rues des villes, au moment où, dans toutes les régions du Québec, les locataires s'arrachent les derniers logements abordables disponibles.
« Le promoteur qui avait planifié son projet, si le coût de financement explose, il a deux possibilités : soit il augmente les loyers, soit il garde le projet dans ses cartons et il attend que les taux [d'intérêt] se normalisent pour que le projet redevienne rentable. »
Or, Paul Cardinal l'admet, le marché n'est pas capable de prendre des loyers plus chers en ce moment.
Pendant ce temps, les municipalités échafaudent leur plan pour venir en aide à ceux qui n'arriveront pas à se trouver un logement à temps pour le 1er juillet.
Une ritournelle que les employés du service de référence de l'Office municipal d'habitation de Montréal (OMHM) commencent à bien connaître. On accompagne les ménages mal logés ou dans le besoin depuis 14 ans, mais je vous dirais que les quatre dernières années ont été particulièrement intenses, a dit Vincent Brossard, directeur de la gestion des demandes, des logements abordables et des suppléments au loyer à l'OMHM, lors d'un point de presse jeudi.