Demandeurs d’asile : faut-il voir au-delà du chemin Roxham?
Radio-Canada
Selon le premier ministre François Legault, le Québec n'a pas les ressources pour accueillir la centaine de migrants qui entrent chaque jour de façon irrégulière par le chemin Roxham, dont il réclame la fermeture par le gouvernement fédéral. Mais bloquer ce passage est-il une solution? Et pourquoi ces migrants empruntent-ils cette voie?
Patrick Masbourian, animateur de l'émission Tout un matin, s'est entretenu avec Mireille Paquet, professeure de science politique et titulaire de la Chaire de recherche de l'Université Concordia sur la nouvelle politique de l'immigration.
Notamment parce qu’il est plus difficile d’entrer au Canada [qu’aux États-Unis].
Au Canada, il n’y a pas la frontière terrestre avec le Mexique qui est la porte d’entrée pour l'Amérique latine. C’est aussi plus difficile d’arriver par bateau au Canada; très peu arrivent par la mer.
Par ailleurs, parmi ceux qui arrivent par le chemin Roxham, certains étaient aux États-Unis depuis des années et, pour une foule de raisons, n’étaient pas en mesure de déposer une demande de statut de réfugié. On a tendance à sous-estimer ce que veut dire émigrer. Il faut gérer le traumatisme qu’on vient de vivre, s’assurer d’avoir les documents, être en mesure de raconter son histoire à des décideurs; tout cela peut prendre des années.
On a l’impression que le Canada fait face à de grandes arrivées, à des nombres difficiles à gérer – c’est un peu le discours qu’on a entendu de la part de Québec, mercredi.
Dans les faits, le Canada reçoit un nombre très minime de demandeurs d’asile et d’immigrants qui arrivent de façon irrégulière, en comparaison avec les États-Unis ou avec l'Europe.
À l’échelle mondiale, nous vivons avec le résultat d’une crise plus globale de l’accueil. Ces gens ne décident pas nécessairement de venir au Canada d’entrée de jeu. Face à des possibilités de plus en plus restreintes d’avoir de la protection, ils finissent par tenter leur chance au Canada.
[Rires] Ce n’est pas à moi de décider ce que Québec devrait dire, ou pas. Mais il faut le remettre en perspective. Ce que Québec met de l’avant, ce sont les enjeux qu'entraîne cette nouvelle réalité, et la manière avec laquelle on y répond.