
Cette jeune ingénieure «regrette d’avoir codé Pornhub, vu ce que c’est devenu»
Le Journal de Montréal
Des années après avoir programmé la première version de Pornhub, Dana Farhat s’en veut d’avoir contribué à créer un monstre de la pornographie aujourd’hui accusé de toutes parts.
« À l’époque, je ne pensais pas que des gens pourraient s’en servir pour faire du mal. J’étais jeune... », laisse tomber au bout du fil la programmeuse aujourd’hui âgée de 38 ans.
Elle est l’une des rares ex-employées de la première heure à témoigner de son expérience à visage découvert.
Depuis son départ de la compagnie en 2009, Pornhub et sa société mère ont été visés par plus d’une dizaine de poursuites en lien avec le contenu qu’ils ont distribué à des millions d’internautes : de la pédopornographie, des images intimes diffusées non consensuellement, des viols...
Dans L’Empire du sexe, notre Bureau d’enquête se penche sur le sombre passé et les dérives de cette entreprise basée à Montréal.
Pour ce faire, nous avons épluché des milliers de pages de documents judiciaires, fouillé les tréfonds du web et interviewé des dizaines de personnes qui ont gravité autour de l’entreprise derrière Pornhub, dont Dana Farhat.
Engagée juste après l’obtention de son diplôme en génie logiciel de l’Université Concordia, Dana Farhat est vite affectée au développement de Pornhub.
Âgée d’à peine 21 ans, avec ses longs cheveux lissés au fer plat, la jeune Libanaise détonne dans le département informatique qui ne compte que des hommes. Ses collègues l’ignorent, mais elle n’a alors pas encore eu sa première relation sexuelle, raconte-t-elle.
Nous sommes en 2007 et la compagnie plutôt méconnue Mansef, son employeur, veut lancer un genre de YouTube de la pornographie alors que le modèle de sites gratuits gagne en popularité dans l’industrie.
