Abus sexuels dans l’Église : un groupe demande une commission d’enquête
Radio-Canada
Des voix s'élèvent au Nouveau-Brunswick pour réclamer la création d'une commission d'enquête nationale sur les abus sexuels dans l'Église afin de mieux comprendre la situation et de prévenir toute répétition de tels gestes.
La demande provient de Paryse Suddith, avocate et présidente des Productions et services de consultants de la vieille rivière, ainsi que de Madeline Lamboley et de Marie-Andrée Pelland, professeures de criminologie à l'Université de Moncton.
C’est parce qu’en France, ils ont publié un rapport le 3 octobre dernier où ils font état de leur recherche des derniers 28 mois et l'enquête détaillée nous révèle des chiffres qui sont difficiles à constater : 330 000 victimes sur une période de 50 ans, 3200 prêtres agresseurs. Donc, ça amène à des constats sur les conséquences de cette victimisation-là, explique Marie-Andrée Pelland au cours d’une entrevue accordée mardi à l’émission La matinale, d’ICI Acadie.
La commission indépendante en France qui a enquêté sur la pédocriminalité dans l’Église catholique estime que le clergé français a fait à lui seul 216 000 victimes mineures d’abus sexuels depuis 1950. En tenant compte aussi des personnes agressées par des laïcs travaillant dans des institutions de l'Église en France, le nombre de victime est estimé à 330 000.
Une enquête comme celle menée en France devrait aussi avoir lieu au Canada, estime Marie-Andrée Pelland. Elle donne quelques exemples de questions qui pourraient être abordées par une telle commission.
Ça dépend vraiment de la volonté. Dans certains milieux, les paramètres c’est connaître l’étendue de la victimisation, connaître les conséquences de cette victimisation. Pour d’autres, ça été de connaître le rôle de la police dans ce silence-là, dans cette non-poursuite-là. Ou aussi comment l’Église ou les autres institutions ont caché ces agressions sexuelles pendant autant d’années. Moi, je crois que ça prend une discussion publique pour savoir ce que nous, comme société, on veut mettre. Je crois qu’il y a beaucoup de questions, mais il faut en choisir pour qu’à la fin, comme la commission d'enquête française, ça donne lieu à un rapport solide qui nous permet un portrait général de la situation, affirme Mme Pelland.
Michel Bastarache, ancien juge à la Cour suprême du Canada, a mené à la demande de l'Église un processus de conciliation au Nouveau-Brunswick il y a quelques années. De 2012 à 2014, il a rencontré en privé plus de 200 victimes de prêtres agresseurs dans les diocèses de Moncton et de Bathurst. Mais son rapport n’a pas été rendu public comme pourrait l’être celui d’une commission d’enquête.