« C’est une semaine très, très difficile pour les médias au Québec »
Radio-Canada
Une semaine difficile s'achève dans l'univers médiatique québécois, qui est secoué par une crise financière. Des observateurs bien avisés estiment que l’aide gouvernementale est toujours nécessaire, mais qu’il faut revoir les modèles d’affaires.
Invités à l’émission Les faits d’abord sur les ondes d'ICI Première, Patrick White, Rémi Aboussouan et Karine Courtemanche croient également qu'une législation adaptée à la réalité canadienne doit entrer en vigueur pour protéger l'industrie médiatique, autant locale que nationale.
Ces trois experts ont été appelés à se prononcer sur l’avenir du marché dans un contexte de concurrence féroce et de numérisation de l’information après l'annonce de l'abolition de 240 postes chez Québecor jeudi. Plus de la moitié des postes abolis le seront au Groupe TVA. Par ailleurs, 11 % du personnel de Postmedia, propriétaire du Montreal Gazette, Ottawa Citizen et du National Post, sera touché par ces coupes.
C’est la fin du papier qui s’en vient assez rapidement et le virage, évidemment, des lecteurs et des consommateurs vers des plateformes numériques payantes et non payantes, observe le professeur et responsable du programme de baccalauréat en journalisme à l'Université du Québec à Montréal, Patrick White.
Il cite en exemple la fin récente de l’édition papier dominicale du Journal de Montréal et du Journal de Québec, qui étaient les derniers à être livrés ce jour-là dans la province.
« Québecor tente de s’adapter à la forte baisse des revenus publicitaires depuis l’automne dernier. Ça affecte l’ensemble de ses opérations, autant ses magazines, ses journaux, que la télévision. »
C’est une semaine très, très difficile pour les médias au Québec et c’est essentiellement [parce que] les GAFAM, les géants du web, ont siphonné 81 % des revenus publicitaires numériques du Canada depuis 12 ans, affirme Patrick White.
Les investissements sont au rendez-vous, mais la concurrence est plus féroce, confirme la cheffe de la direction des agences Touché et PHD et présidente du Conseil des directeurs médias canadiens, Karine Courtemanche.
Les investissements publicitaires augmentent, bon an mal an, d’à peu près 4 % dans le marché. Par contre, la tarte qui grossit tranquillement est divisée avec des centaines de joueurs maintenant. Il y a quelques années seulement, les revenus publicitaires étaient divisés entre une dizaine de joueurs au Canada.