Une nouvelle vague de R&B francophone au Québec?
Radio-Canada
Naïma Frank, Naomi, Leïla Lanova, Shah Frank… Toutes ces Montréalaises afro-descendantes ultra-talentueuses offrent présentement une réponse francophone à une vague de R&B qui déferle en Angleterre et aux États-Unis et que certains disent « alternative » – puisque plus aventureuse que commerciale. Survol d’un son en développement.
À la fin des années 1990 et au début des années 2000, le Québec a connu un intéressant pic de musique R&B interprétée en français, dans le sillage du succès des Christina Aguilera, Jennifer Lopez, Mary J. Blige et autres Alicia Keys. L’écho local était celui des NoDéjà (Barnev Valsaint), Mélanie Renaud et, bien entendu, du roi Corneille. L’histoire semble vouloir se répéter.
Il y a un peu plus d’un an, j’écrivais sur la résurgence populaire du R&B après plusieurs années de vache maigre.
Le son des années 1990 et 2000 était bel et bien de retour, avec une touche de modernité. Les Jorja Smith, Solange, Cleo Sol, Sault, James Blake, Daniel Ceasar ou Giveon ainsi que les dizaines d’autres artistes qui donnent dans le style, l’ont raffiné. Le R&B s’est éloigné du produit purement commercial qu’il représentait majoritairement au tournant du millénaire.
En 2022, il est plus créatif, artistique, conceptuel, authentique et sincère. C’est peut-être moins le cas chez les mégavedettes que sont SZA et Summer Walker, mais chez une artiste hyper populaire comme H.E.R., à travers ses collaborations avec NxWorries (Anderson .Paak et Knxwledge) ou Kaytranada (Intimidated), on sent une plus grande exploration du vaste panorama que cet horizon musical offre à elle.
À vrai dire, cette nouvelle école R&B est si créative et distincte que Spotify a regroupé ces artistes sous la bannière Alternative R&B. Cela montre bien que ce style s'épanouit et fleurit.
Et, depuis quelques mois, on constate que le Québec offre une réponse francophone à cette nouvelle vague.
La majorité des artistes du Québec mentionnés dans ma chronique de l’année dernière chantent en anglais – peu importe leur langue maternelle. Cependant, au cours des derniers mois, on a vu Shah Frank, l’une des leaders de ce mouvement à l’échelle locale, lancer une pièce en français, La ballade.
C’était en juillet dernier. On sent qu’elle voulait prendre la température. À mon avis, malheureusement, la réponse médiatique n’a pas été à la hauteur de la pertinence de son simple. Souhaitons que l’ultra prometteuse chanteuse montréalaise ne soit pas échaudée par cette expérience…