Une femme respectable : le regard tendre de Bernard Émond, vu par Hélène Florent
Radio-Canada
La comédienne Hélène Florent a toujours rêvé d’apparaître dans un film de Bernard Émond. Dans Une femme respectable, présenté mercredi en première mondiale en Allemagne, elle incarne une femme forte, mais non sans failles, confrontée au retour inopiné de son mari après une séparation de onze ans.
Le long métrage de Bernard Émond, qui se déroule à Trois-Rivières dans les années 1930, raconte comment Rose Lemay (Hélène Florent) accepte d’accueillir son mari Paul Émile Lemay (Martin Dubreuil) sous son toit après la mort de sa concubine. Ce dernier amène avec lui ses trois filles nées de sa deuxième union, auxquelles Rose finit par s’attacher.
C’est une femme de son époque, où la religion est très présente, raconte Hélène Florent, jointe au téléphone par la chroniqueuse culturelle Katerine Verebely au Filmfest de Munich. Mais ce que j‘aime dans le film de Bernard Émond, c’est qu'elle ne va pas reprendre son mari et ses filles chez elle parce qu’elle se sent obligée. Elle est vraiment libre de ses choix, ce qui en fait un film qui a une résonance aujourd’hui et qui est le fun à porter pour moi.
Au cœur du long métrage, on retrouve la relation entre son personnage et celui de Martin Dubreuil. Rose Lemay refuse de renouer amoureusement avec son mari, un homme instable qui risque de l’abandonner à nouveau, mais ses rapports avec lui sont truffés de désir, de peur, et de contradictions.
Va-t-on trouver Rose Lemay respectable, ou pas? demande Hélène Florent, en référence au titre du film. Les deux personnages principaux sont en constante contradiction. Ce qu’ils disent, ce qu’ils ressentent, ce qu’ils veulent cacher à eux même, ce qu’ils veulent cacher à l'autre. Il y a du désir, du dégoût, de l’envie, de la peur, de la tristesse, tout en étant dans un espace de jeu tout petit, car il n’y a pas de flafla.
« Il n’y a rien qui dépasse dans le personnage de Rose. Le défi était de montrer ses forces, mais aussi de percevoir ses failles, ses faiblesses, son humanité, sa fragilité. C’était un beau travail de dualité pour moi. »
Les amoureux et amoureuses du style lent et sensible de Bernard Émond vont retrouver sa griffe dans Une femme respectable, estime Hélène Florent.
Ce n’est pas une lenteur plate. [...] Ça prend ce rythme-là pour rentrer dans la complexité et l’humanité des personnages. Alors c'est plus pour nous aider à embarquer que pour nous perdre.
La comédienne louange au passage l’amour du réalisateur pour le jeu. Elle raconte qu’il se tenait souvent tout près des scènes qu’il tournait, comme pour détecter les mouvements de l’âme de ses acteurs et de ses actrices.