Surmonter les problèmes de santé mentale en tant que personne noire
Radio-Canada
Originaire d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, Carine Bado est arrivée au Manitoba pour la première fois en 2007. À cette époque, le concept de santé mentale lui était étranger. Aujourd’hui encore, la santé mentale reste un sujet tabou dans de nombreuses communautés noires du Canada.
Pourtant, une étude de 2020 de Statistique Canada démontre que les participants de communautés noires ont une moins bonne santé mentale que les personnes issues de la population blanche.
L’étude démontre aussi que le tiers (32 %) des répondants des communautés noires disent avoir ressenti des symptômes modérés ou sévères correspondant à un trouble de l’anxiété généralisée au cours des deux semaines précédant l’enquête, alors que c'était le cas pour le quart (24,2 %) des répondants blancs.
Selon Mamadou Ka, l’un des porte-parole du guide de ressources servant à promouvoir la santé mentale et le bien-être des Canadiens noirs paru en 2021, deux facteurs expliquent ce phénomène : la culture et les stéréotypes.
La culture, dit-il, c'est une sorte de programmation mentale et c'est un ensemble de bagages socioculturels, dit-il.
La plupart du temps, dans les communautés afrodescendantes, on trouve une culture collectiviste, explique-t-il. Vous avez l'oncle, la tante, le père, la mère, les cousins [...]. Donc, on a un appui moral sans le demander.
Carine Bado a vite compris qu’elle avait perdu ce soutien : J’ai dû dire au revoir à tout le monde. Je suis aussi arrivée en plein hiver au Manitoba, en décembre, dans une province dont je ne savais absolument rien. Je trouve que déjà, émotionnellement, c'est assez dur, et tout immigrant peut témoigner de ça.
D'après Mamadou Ka, l'immigrant noir traverse les frontières avec cette culture collectiviste qui le freine lorsqu'il est question de demander de l'aide.
Il souligne aussi le rôle des stéréotypes, qui donnent de la femme noire l’image d’une personne forte et résiliente, écartant du coup la possibilité qu’elle puisse souffrir d’épuisement mental.