Son modèle dénoncé, Facebook fait face à une nouvelle crise majeure
Le Journal de Montréal
NEW YORK | Le profit avant l’humain. C’est le procès que fait à Facebook la lanceuse d’alerte Frances Haugen, qui sera auditionnée mardi au Congrès, occasionnant la crise la plus sérieuse de l’histoire du réseau social qui en a connu plusieurs ces dernières années.
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Cette ingénieure informatique qui a quitté le groupe en mai offre, avec des milliers de documents à l’appui, un tableau sombre des entrailles de Facebook, où la recherche du trafic et des recettes publicitaires triomphent souvent des inquiétudes sur le rôle social de la plateforme.
Elle a été à l’origine de l’exposé accablant du Wall Street Journal, mi-septembre, sur Instagram, et son impact sur les adolescentes, puis a accusé directement Facebook dans un entretien télévisé diffusé dimanche soir, avant son audition parlementaire mardi.
Depuis dimanche, les responsables de l’entreprise de Menlo Park se sont succédé dans les médias pour tenter de contenir l’incendie.
«Si nous étions une société qui ne se préoccupe pas de sûreté, qui donne la priorité aux bénéfices, nous ne ferions pas ce genre de recherches», a fait valoir lundi Monika Bickert, vice-présidente de Facebook, au sujet des études internes qui montrent notamment que la santé mentale de certaines jeunes filles est affectée par Instagram.
Quant à l’impact du réseau social sur le climat politique, que Facebook n’a pas fait suffisamment pour contrôler selon Frances Haugen, un autre vice-président, Nick Clegg, avait jugé dimanche «trop facile de chercher une explication technologique à la polarisation politique aux États-Unis».
Mais rien n’y fait. «Facebook est vraiment devenu le souffre-douleur qui prend pour tous les réseaux sociaux», résume Mark Hass, professeur de communication à l’université Arizona State. Le fait d’avoir mis, pour la première fois, un visage sur la révolte «en fait une histoire beaucoup plus dramatique», dit-il, «mais c’est un sujet qui ne se limite pas à Facebook.»
Après le scandale Cambridge Analytica en 2018, puis l’amende de 5 milliards de dollars imposée en 2019 par les autorités américaines pour utilisation indue de données personnelles, le groupe se serait bien passé d’une nouvelle polémique.