Quels lendemains pour la pandémie?
Radio-Canada
S'il est encore trop tôt pour parler de virus endémique, certains signes laissent tout de même présager des jours meilleurs, même si « personne n’a de boule de cristal », rappellent en coeur les experts de la santé interrogés. Que pourrait nous réserver le monde post-pandémie et quelles mesures sanitaires pourrait-on préserver dans les années à venir?
Interrogé à plusieurs reprises sur le monde post-pandémie jeudi, le Dr Kieran Moore, médecin hygiéniste en chef de la province, a dit prôner une discussion sociétale sur les mesures sanitaires. L'obligation du passeport vaccinal pourrait être levée dans un futur proche, en revanche le masque, lui, demeurera quelque temps obligatoire.
Le Dr Santiago Perez Patrigeon, spécialiste des maladies infectieuses à l'Hôpital général de Kingston, pense aussi que le port du masque va perdurer dans les hôpitaux. Pour le reste, cela sera plus périodique, une fois l'obligation passée. Je ne pense pas que le port du masque dans la rue va rester, on va perdre cette habitude peut-être plus rapidement, comme dans les centres commerciaux, les magasins, surtout l’été, peut-être que l’hiver on le refera.
Le Dr Jérôme Leis, chef de la prévention et du contrôle des infections de l'Hôpital Sunnybrook, abonde dans le même sens, tout comme pour l'hygiène : se laver les mains et avoir un gel hydroalcoolique sur soi. Je pense qu'il y aura plus d'attention portée à la qualité de l'air et la ventilation, ajoute-t-il.
Dans le milieu du travail aussi, ils imaginent un changement des mentalités. Si quelqu’un tombe malade un lundi matin, ou a des symptômes, ça va être important d’avoir le droit de rester à la maison, ou de rentrer chez soi, estime le Dr Perez Patrigeon. Garder des mesures permettant aux employés de s’isoler rapidement sera important, selon lui.
Le Dr Leis indique aussi qu’il faudra introduire un nouveau vaccin. Pour lui, cela ne fait aucun doute. On a donné plusieurs doses de vaccin et je pense que cela ne va pas suffire pour les prochains variants, comme pour la grippe saisonnière où il faut de nouveaux vaccins chaque année, dit-il.
Historien des épidémies et directeur d’études émérite à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris, Patrice Bourdelais rappelle que toutes les grandes épidémies sont suivies par des normes sanitaires qui perdurent.
Après les premières pestes, les pays européens ont mis en place un système de quarantaine pour isoler les personnes malades, les lazarets. Il y a aussi la mise en place d’un cordon sanitaire pour isoler la région ou province afin d’éviter que la peste n'en sorte.
Le choléra, lui, a permis de mettre en évidence les mauvaises conditions sanitaires et de salubrité là où les personnes tombaient malades, la bactérie se propageait dans les eaux sales. Toutes les grandes villes vont se lancer en Europe de l’Ouest dans des programmes d'extension des réseaux d’égouts, d'usines d'épuration avec filtration.