Quand les talibans dansent au soleil couchant en Afghanistan
Le Journal de Montréal
DISTRICT D'ARGHANDAB, Afghanistan | Leurs aînés interdisaient la musique, mais eux chantent et dansent au soleil couchant : jeudi dans le sud afghan, de jeunes talibans se sont offert un moment de détente, au bord d’une rivière où ils livraient encore de sanglants combats il y a quelques mois.
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C’est veille de week-end du vendredi près de Kandahar, et un refrain s’élève du lit rocailleux de la rivière Arghandab, au pied d’un grand pont de béton coupé en deux par la guerre.
Au bord des flots nimbés des rayons violets du couchant, sept jeunes hommes chantent et dansent, tournant en cercle en faisant des pas de côté et tapant des mains, à la manière traditionnelle afghane.
Ils sont grands, fins, bruns, chevelus et barbus : de jeunes talibans venus se détendre un peu avant de retourner à Kandahar, berceau de leur mouvement, à une petite dizaine de kilomètres de là.
La scène est singulière, tant l’image des « étudiants en religion » et de ses dirigeants reste austère, associée à leur régime de fer des années 1996-2001, où tout divertissement, y compris la danse et la musique, était interdit.
Les jeunes talibans écoutent eux plus de musique, en général religieuse. Quant aux leaders talibans, revenus au pouvoir à la mi-août, ils semblent avoir lâché du lest sur le sujet. Dans les grandes villes au moins, leurs troupes ne semblent plus importuner les gens juste parce qu’ils écoutent de la musique.
En chemises longues traditionnelles, sandales, foulards, chapeaux plats ou turbans, les sept talibans tournent sur les galets, reprenant à l’unisson : « Envoie-moi le bonjour de Kaboul/Comme tu es la fleur des jardins de Paghman (vallée proche de Kaboul, ndlr)/ Tu me manques beaucoup ».
« Nous avions un plan »