Philippe Labarre remporte le Prix de poésie Radio-Canada 2022
Radio-Canada
Philippe Labarre est le lauréat du Prix de poésie Radio-Canada 2022 pour son texte Scènes de la vie poreuse.
Le jury, composé cette année de Rose Després, Marie-Andrée Gill et Hector Ruiz, a choisi de récompenser ce texte poétique [qui] encadre efficacement de petites scènes du quotidien par une série de brèves photos agencées dans une poésie fluide, imagée et réaliste qui laisse entrevoir, justement, la porosité des pensées, du passage du temps [le braille de nos rides], intercalés entre le présent et le passé.
« La conscience de soi et de l’autre, de l’intérieur et de l'extérieur, est subtilement transposée entre le surréel et le vécu [un jour on sort prendre l’air dans nos bras]. Le facteur du temps prédomine dans le texte, nous happe dans son va-et-vient en chevauchant le passé, le présent et l’avenir toujours en question. »
À 46 ans, Philippe Labarre n’en est pas à sa première participation aux Prix de la création, mais c'est la première fois qu’il fait partie des finalistes et qu'il l'emporte. J’ai choisi de retenter ma chance cette année avec une autre suite poétique en me disant que j’avais besoin d’apprendre à mieux recevoir les échecs ou les refus qui accompagnent tout processus de création, dit-il.
Il a encore de la difficulté à croire qu'il a vraiment gagné : Chaque nouvelle étape, chaque annonce me rappelle que oui, c'est vrai, j'ai gagné, c'est possible même pour moi; je n'ai jamais rien gagné d'autre, je suis généralement bon deuxième...
« J'ai aussi l'impression que j'ai le droit de croire que je suis poète (mon syndrome de l'imposteur est assez terrible), que je pourrais m'adresser modestement mais sans gêne même à celles et ceux que j'admire le plus dans le milieu, comme si j'étais un nouveau venu dans une famille où il y aurait maintenant une petite place pour moi. »
Professeur de littérature au Collège Ahuntsic, il a écrit ses poèmes peu après les dernières périodes de confinement, un moment qui marque pour lui le début d’une étape plus libre et plus dégagée de son processus d’écriture.
« J’improvise davantage, je laisse les mots et l’intuition du texte me porter. En supposant que je parviendrai à publier le deuxième recueil sur lequel j’ai travaillé près de quatre ans, j’espère que ces poèmes pourront faire partie du troisième, que je compte intituler Précieux-Sang, soit le nom du village natal de mon père. »
Ses poèmes lui ont permis de dire la vérité au sens où il l'entend. Il explique qu'il n'écrit pas pour proposer de beaux objets de lecture ou pour véhiculer un message – aussi important soit-il –, mais bien pour mettre à jour ce qui se cache en lui (et un peu en nous aussi, j’espère) de ressentis confus et de visions fulgurantes, et peut-être salvatrices.