Modernisation de la Loi sur les langues officielles : des francophones s’impatientent
Radio-Canada
Elle était promise en 2021, a été déboutée, redéposée en 2022 et elle encore en examen : la nouvelle mouture de la Loi sur les langues officielles sait se faire attendre. Le projet de loi C-13 pourrait être à l’étude plus longtemps que prévu au Comité permanent des langues officielles. Les francophones qui vivent en situation minoritaire commencent à s’impatienter.
Les libéraux à Ottawa et aussi les communautés francophones hors Québec ont quelque part perdu le contrôle du processus, croit Rémi Léger, professeur de sciences politiques à l'Université Simon Fraser (SFU).
Le Comité est formé de six libéraux, dont le président, quatre membres du Parti conservateur, un du Bloc québécois et une membre du Nouveau Parti démocratique. Cette situation n’est pas à l’avantage des libéraux pour faire avancer les discussions, observe le professeur.
« Les libéraux n'ont pas cru bon de se faire des amis au Comité des langues officielles et donc là les oppositions, lorsqu'elles travaillent ensemble, sont en fait majoritaires au Comité des langues officielles et peuvent faire comme bon leur semble. »
Les dossiers qui touchent moins les francophones qui vivent en situation minoritaire prennent, par conséquent, beaucoup d’importance. On n'est plus dans un débat qui porte sur la francophonie canadienne. On est dans des débats [...] qui nous ne concernent pas ou nous concernent vraiment indirectement, croit Rémi Léger.
M. Léger était pourtant encouragé de voir, pendant une longue période de temps, que les travaux autour de la modernisation de la Loi étaient concentrés sur les intérêts des francophones hors Québec, parce que selon lui, c'est là que le besoin est criant. Mais dans les derniers mois, c'est vraiment la question québécoise, la perspective québécoise, qui a pris le dessus, qui a pris l'avant-plan dans les discussions, constate-t-il, déçu.
L’avocat constitutionnaliste Roger Lepage trouve toutefois important que la Loi sur les langues officielles fédérale reconnaisse la fragilité de la langue française au Québec. Il croit que le gouvernement fédéral devrait appuyer la communauté francophone au Québec.
« Parce que la communauté francophone est encore en train de perdre des plumes au Québec, puis, si les francophones du Québec ne sont pas capables de s'épanouir, puis de grandir, on a des maudits problèmes, nous, hors Québec. »
La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Liane Roy, admet que le dossier s’est éloigné de la francophonie en milieu minoritaire, surtout dans la couverture médiatique, mais elle croit que le travail qui se fait en coulisses ne doit pas être sous-estimé.