
Les nouvelles règles d’affichage en français: sortez vos rubans à mesurer
Le Journal de Montréal
Depuis hier, les commerçants du Québec doivent respecter une nouvelle règle stricte. Le français sur leurs enseignes doit être deux fois plus gros que l’anglais. Sinon, ils risquent des amendes salées.
Jean-Philippe Mikus sort son ruban à mesurer. L’avocat de chez Fasken en a besoin pour discuter des nouvelles règles d’affichage de l’Office québécois de la langue française (OQLF) en vigueur depuis le 1er juin.
«Sur l’enseigne, il faut mesurer une aire, pas juste compter les mots», illustre le spécialiste du droit de la propriété intellectuelle en entrevue avec Le Journal.
Les règles ne visent pas seulement l’anglais. Une entreprise de Gaspésie ou de Beauce qui a un mot espagnol dans son nom pour sonner exotique doit aujourd’hui modifier son affichage afin de rendre le français deux fois plus visible.
Toutes les entreprises sont visées sans exception. À 18 mois des élections et trois ans après l’adoption du projet de loi 96 par le gouvernement Legault, la prédominance du français est imposée partout au Québec.
Le calcul de l’espace sur l’enseigne n’est qu’un enjeu parmi d’autres. La fin de l’exemption pour les noms en langues étrangères signifie que pour Home Depot, Best Buy, Linen Chest, Winners, Toys «R» Us, Foot Locker ou New Look, les enseignes d’hier ne sont aujourd’hui plus conformes.
«Il ne faut pas se gêner d'être qui on est», indique Jean-François Roberge en entrevue avec Le Journal.
Le ministre de la Francisation évalue le coût de la mesure pour l’ensemble des détaillants québécois à un peu plus de 50 millions $. Michel Rochette éclate de rire, un rire jaune.
Le ministre Roberge cite Home Depot comme exemple d’entreprise qui négocie à présent sa conformité avec l’OQLF. Le détaillant en vrac Bulk Barn, dit-il, a déjà refait son affichage commercial.
