Les microfibres, même naturelles, perturberaient le métabolisme des huîtres
Radio-Canada
Les microfibres générées par l'industrie du vêtement perturbent le métabolisme des huîtres, même à faible dose, et ce, d'autant plus fortement si ces fibres sont d'origine naturelle, selon une étude publiée dans la revue Environmental Pollution.
Ce qui nous a surpris, ce sont les effets délétères qu'ont les fibres naturelles sur la digestion et l'immunité de l'huître, explique dans un communiqué Camille Détrée, maître de conférence en biologie marine à l'université française de Caen-Normandie et auteure principale de l’étude (en anglais) (Nouvelle fenêtre).
La rugosité de la surface des fibres naturelles est plus importante et provoque vraisemblablement une inflammation plus forte des parois digestives au cours du transit de l'huître, dit-elle.
Chaque année, environ 2 millions de tonnes de microfibres, principalement d'origine naturelle, sont rejetées dans les océans, en grande partie par le biais des lave-linge domestiques, avant d'être ingérées par les organismes marins, rappelle cette étude.
Les scientifiques ont exposé des huîtres creuses du Pacifique à des microfibres textiles naturelles, comme la laine et le coton, et synthétiques, comme l'acrylique, le nylon et le polyester, ainsi qu'à leurs additifs chimiques pendant 96 heures. Ils ont ensuite étudié la capacité d'huîtres à ingérer ces microfibres et comparé les effets sur leur santé.
Une première expérience a été réalisée avec une concentration de 10 microfibres par litre, considéré comme le taux moyen dans les océans, puis avec un scénario catastrophe ayant une concentration de 10 000 microfibres par litre.
Nous n'avons pas observé plus d'effets sur les huîtres exposées à de fortes ou de faibles concentrations en microfibres. Cela laisse entendre qu'une faible dose environnementale est suffisante pour déclencher des effets sur leur santé, précise Camille Détrée.
Il est néanmoins important de tenir compte de la durée de persistance [des microfibres] dans l'environnement marin : de quelques semaines ou mois pour les fibres 100 % naturelles, contre des dizaines voire centaines d'années pour les matériaux synthétiques, constate Arnaud Huvet, biologiste marin à l'Institut français pour l'exploration de la mer (Ifremer) et coauteur de l'étude.
Plutôt que de promouvoir des fibres naturelles, les auteurs plaident pour l'adoption de la slow fashion, une mode qui vise à prolonger la durée de vie des vêtements.