Les ancêtres des mammifères sont devenus à sang chaud plus tard qu’estimé
Radio-Canada
Les ancêtres des mammifères sont devenus à sang chaud quelque 20 millions d'années plus tard que ce qui a été estimé auparavant, selon des scientifiques européens qui ont analysé des fossiles d'oreille interne pour résoudre l’« un des plus grands mystères de la paléontologie ».
Le moment de cette transition, vers une caractéristique essentielle des mammifères, reste sujet à débat. Ils seraient devenus endothermes, c'est-à-dire à sang chaud, et non plus à sang froid comme le sont restés les reptiles, il y a environ 252 millions d'années. À l'époque d'une des grandes extinctions d'espèces, au Permien.
Le problème est qu'on ne peut pas juste mettre un thermomètre dans un fossile, on ne peut pas connaître sa température corporelle, dit Ricardo Araujo, de l'Université de Lisbonne, un des auteurs de l'étude parue dans Nature.
Les chercheurs ont contourné le problème par l'examen des canaux semi-circulaires des fossiles d'oreille interne de 56 espèces de mammifères disparus.
L'oreille interne, qui sert à maintenir l'équilibre, est parcourue par un fluide, dont les chercheurs ont constaté que la température s'élevait de concert avec celle du corps de l'animal. Avec pour conséquence de rendre ce fluide plus liquide.
Ricardo Araujo illustre la chose en la comparant à l'huile d'une friteuse, très visqueuse et très dense avant d'être chauffée, et qui après coule beaucoup plus facilement, explique-t-il à l'AFP.
Dans le cas de l'oreille interne, cette fluidité a conduit à des canaux semi-circulaires plus fins, dont l'évolution de la taille en fonction de celle du corps a été modélisée. Avec la conclusion que le passage à un système à sang chaud est intervenu il y a 233 millions d'années.
Un modèle fonctionnant pour tous les mammifères, humain compris, qui permet de regarder votre oreille interne et vous dire à quel point vous êtes à sang chaud, explique à l'AFP le principal auteur de l'étude, Romain David, du Muséum d'histoire naturelle à Londres.
Le modèle paraît bien fonctionner pour un large éventail de vertébrés contemporains, dit Michael Benton, paléontologue de l'Université de Bristol, qui n'a pas participé à l'étude.