La Cour suprême met fin à la discrimination positive dans les universités américaines
Le Journal de Montréal
La très conservatrice Cour suprême des États-Unis a mis un terme jeudi aux programmes de discrimination positive à l'université, un nouveau demi-tour historique un an après son revirement sur l'avortement.
Ses six magistrats conservateurs ont jugé, contre l'avis des trois progressistes, contraire à la Constitution, les procédures d'admission sur les campus prenant en compte la couleur de la peau ou l'origine ethnique des candidats.
Beaucoup d'universités «ont considéré, à tort, que le fondement de l'identité d'une personne n'était pas sa mise à l'épreuve, les compétences acquises ou les leçons apprises, mais la couleur de sa peau. Notre histoire constitutionnelle ne tolère pas ça», a écrit le magistrat John Roberts au nom de la majorité.
«En d'autres mots, l'étudiant doit être traité en fonction de ses expériences individuelles, mais pas sur des critères raciaux», ajoute-t-il.
Après le mouvement pour les droits civiques des années 1960, plusieurs universités très sélectives avaient introduit des critères raciaux et ethniques dans leur procédure d'admission, afin de corriger les inégalités issues du passé ségrégationniste des États-Unis.
Ces politiques, dites de «discrimination positive», ont permis d'augmenter la part des étudiants noirs, hispaniques et amérindiens, mais ont toujours été très critiquées dans les milieux conservateurs, qui les jugent opaques et y voient du «racisme inversé».
Saisie à plusieurs reprises depuis 1978, la Cour suprême avait interdit les quotas, mais avait toujours autorisé les universités à prendre en compte, parmi d'autres, les critères raciaux. Jusqu'ici, elle jugeait «légitime» la recherche d'une plus grande diversité sur les campus, quitte à faire une entorse au principe d'égalité entre tous les citoyens américains.
Jeudi, elle a fait demi-tour, comme elle l'avait fait le 24 juin 2022 en annulant le droit fédéral à l'avortement qu'elle garantissait depuis 1973.
Sa volte-face a suscité un concert d'applaudissements à droite. «C'est un grand jour pour l'Amérique», «on revient à un système au mérite», a écrit sur Truth Social l'ex-président républicain Donald Trump, artisan de ce revirement puisqu'il a profondément remanié la Cour pendant son mandat.