L’alcool pourrait-il devenir persona non grata sur les plateaux télé?
Radio-Canada
La consommation de bière, de vin et de spiritueux est-elle trop fréquente au petit écran? Les nouvelles recommandations en matière d’alcool du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS) font réagir au Québec, et le milieu culturel n’échappe pas à cette remise en question.
Les nouvelles directives publiées mardi proposent un continuum de risques associés à la consommation d’alcool, signalant que la possibilité de développer plusieurs cancers augmente à partir de trois verres par semaine, et que les risques pour la santé deviennent particulièrement importants au-delà de sept verres.
Les repères ont donc été revus considérablement à la baisse par rapport aux recommandations précédentes, qui suggéraient à la population de limiter sa consommation à 15 verres par semaine pour les hommes, et à 10 verres pour les femmes.
Le journaliste Hugo Meunier, qui vient de signer un documentaire sur la consommation d’alcool au Québec, rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, la cigarette était omniprésente au petit et grand écran. Celui qui aime lever le coude estime qu’un changement de culture similaire pourrait aussi survenir en ce qui a trait aux boissons alcoolisées.
Il y a eu tout cet exercice de purification des ondes et de la fiction avec le tabagisme, et j’ai l’impression que les gens vont commencer à voir l’alcool exactement comme on voit le tabac, estime-t-il. Et c’est la bonne façon de le voir.
Je ne veux pas être moralisateur, et je serais un très mauvais porte-parole [de cette cause-là], ajoute-t-il du même souffle. Je ne voudrais pas qu’on voie des foies nécrosés sur des bouteilles de vin partout.
Mais j’avoue que d’un point de vue tout à fait factuel et logique, c’est un peu bizarre qu’on ne fume plus à l’écran, mais qu’on boit de façon bon enfant, alors que l’alcool, ce n’est pas bon, poursuit le journaliste.
Christian Bégin, connu pour son goût des bonnes bouteilles dans l’émission Curieux Bégin, croit aussi que le rapport à l’alcool pourrait changer sur les plateaux télé, bien qu’il envisage ce phénomène avec circonspection.
Je ne serais pas étonné qu’éventuellement, on en vienne à nous inviter à ne plus boire à l’écran, laisse-t-il tomber, évoquant une certaine frilosité au sein du milieu télévisuel québécois