Indemnisations d’enfants autochtones : des retombées en Abitibi-Témiscamingue
Radio-Canada
Les accords de principe sur l’indemnisation et la réforme des services à l’enfance et à la famille des Premières Nations auront des impacts jusqu’en Abitibi-Témiscamingue.
L’entente annoncée mardi par Ottawa et l’Assemblée des Premières Nations prévoit d’abord 20 milliards de dollars en compensation pour les enfants qui ont été retirés de leur foyer et de leur communauté entre le 1er avril 1991 et le 31 mars 2022, ainsi qu'à leurs parents et proches aidants.
Plusieurs familles autochtones de la région ont subi de tels préjudices dans le système fédéral. Xavier Moushoom, originaire de Lac-Simon, est d’ailleurs un demandeur dans l’une des actions collectives déposées contre le gouvernement fédéral que ces ententes viennent régler. Il a été enlevé de sa famille à l’âge de neuf ans pour des motifs qu’il ne connaît toujours pas et a été placé dans 14 familles d’accueil différentes en neuf ans.
Il ne s’agit là que d’un cas parmi de nombreux autres, selon Peggie Jérôme, directrice générale de Services à l’enfance et à la famille Anicinape Mino-Obigiwasin.
Moi j’en connais beaucoup, personnellement, des gens qui ont subi des situations incroyables avec des familles d’accueil non autochtones. Ils ont été placés avec des bonnes et des mauvaises raisons. Il y a eu des conflits de valeurs, de la manière dont les enfants ont été placés auparavant. Des conflits de compréhension, de style de vie des autochtones. C’est peut-être pour ça que plusieurs enfants ont été placés. Ce qui était interprété comme de la négligence, c’était une éducation qui est différente. C’est vraiment un conflit culturel. C’est possiblement à cause de ça que ces dédommagements ont été annoncés aujourd’hui, estime-t-elle.
Peggie Jérôme parle de stérilisation culturelle, alors qu’on a voulu couper les liens de ces enfants avec leurs parents, leur culture et leur communauté. C’est un peu comme le système des pensionnats indiens, c’est le même principe selon moi, fait-elle valoir.
Mino-Obigiwasin gère les services de protection de la jeunesse pour les communautés Abitibiwinni, Kitcisakik, Lac-Simon et Long Point en vertu d’une entente avec le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue. On va s’occuper de ces gens-là à la manière anishinabe, prendre soin d’eux et les écouter d’une façon bienveillante. On veut aussi les responsabiliser et les aider dans leur processus de guérison, précise Peggie Jérôme.
L’organisme ignore s’il pourra profiter de certaines sommes parmi les 20 autres milliards de dollars qui serviront à améliorer le système de protection de l'enfance dans les communautés autochtones, mais il voit certainement ces ententes d’un bon œil.
C’est quand même une bonne nouvelle. C’est un premier pas de reconnaissance. Et je pense que la société québécoise va aussi participer à ce processus de guérison là, reconnaître que les Premières Nations sont là, croit Peggie Jérôme.