Huit mois après son départ, Stéphan Bureau brise le silence
Le Journal de Montréal
Huit mois après avoir mis un terme, dans la controverse, au contrat qui le liait avec Radio-Canada, Stéphan Bureau brise son silence et sa longue pause professionnelle. Le journaliste prépare sa propre émission de télévision qu’il décrit comme un talk-show d’informations permettant des rencontres inhabituelles au petit-écran.
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En mai dernier, Stéphan Bureau a réalisé une entrevue avec le controversé infectiologue français Didier Raoult à son émission Bien entendu diffusée sur les ondes d’ICI Première. En juillet, l’ombudsman de Radio-Canada déclarait que l’entrevue avait enfreint les normes et pratiques journalistes de Radio-Canada. Le 20 août dernier, Stéphan Bureau quittait la station après avoir répliqué publiquement à l’ombudsman qui lui avait reproché de ne pas avoir suffisamment « encadré » les propos de son invité. Il n’a pas retravaillé depuis.
« Je pense que cela dit quelque chose de notre époque formidable : les choix de mots que j’ai eus à l’époque, dit celui qui n’avait aucun projet devant lui en quittant Radio-Canada. C’était une entrevue banale, ordinaire comme j’en ai fait plein dans ma vie, dans un contexte qui ne l’est pas. Cela a pris des proportions extraordinaires. »
En entrevue, le journaliste d’expérience assure que rien de ce qui s’est passé cet été n’a eu d’impact sur son destin contractuel. Il explique avoir reçu des offres de la part de Radio-Canada avant et après son entrevue avec Didier Raoult, dont une, il y a à peine quelques semaines. Ce sont les différends « de l’ordre des rapports privés entre employeur et employé » qu’il a eus le printemps dernier qui lui ont fait prendre la décision de faire ses adieux à ses auditeurs.
Malaise
« Beaucoup de ce que je faisais hérissait certains, dit-il. Je sais qu’il y avait un malaise profond par mes invités, par mes questions, et à ce moment-là, pour moi la paye n’était pas une raison de m’accrocher et surtout pas de faire des compromis, je veux dire par rapport à moi. C’est un très gros deuil, car le prix à payer est d’arrêter de faire quelque chose qu’on aime faire dans la vie, de se priver d’une tribune et du plaisir de travailler avec des gens. »
Mais l’animateur est conscient que la société se transforme. « De nos jours, la ligne est mince entre être audacieux et toxique. Je n’ai pas en moi l’idée de provoquer pour provoquer. Le couloir de confort dans notre univers médiatique est assez étroit. Est-ce possible de repousser un peu les murs et d’étendre l’espace ? »