Guerre en Ukraine et insécurité alimentaire : « le monde a besoin du blé canadien »
Radio-Canada
Avec plus de 55 % de sa superficie en terres arables, l’Ukraine, couramment surnommée le grenier de l'Europe, est l'un des principaux producteurs et exportateurs agricoles au monde. Elle joue un rôle essentiel dans l'approvisionnement du marché mondial en oléagineux et en céréales. Un an après l’incursion russe sur le territoire ukrainien, le président-directeur général de Cereals Canada, Dean Dias, revient sur l’impact sur les producteurs de céréales canadiens et sur les marchés alimentaires mondiaux. Son association, dont les bureaux et les laboratoires sont à Winnipeg, représente tous les maillons de la chaîne de valeur des céréales canadiennes.
Quel a été l'impact de la guerre en Ukraine et du recul de sa production en céréales sur les agriculteurs des Prairies?
Les dernières années ont été difficiles pour les agriculteurs. Le début de la guerre a notamment compliqué l’accès aux engrais et aux produits agricoles. Le coût de production a ainsi nécessairement augmenté.
Heureusement, le prix des céréales a suivi, les agriculteurs ont donc simplement atteint le seuil de rentabilité. Mais ils voient une forte demande et c'est ce que les agriculteurs regardent et ils espèrent avoir une bonne année de production pour pouvoir répondre à cette demande.
Cependant, il est important de comprendre que le blé canadien est reconnu mondialement pour sa qualité. Il ne remplace donc pas automatiquement le blé de la mer Noire ou le blé russe et ukrainien. On ne peut pas simplement les interchanger. Les pays du monde entier mélangent en fait le blé russe et ukrainien avec le blé canadien.
Donc, avec la situation actuelle, le blé canadien a su répondre à la demande. Certains pays ne sont toutefois peut-être pas en mesure d'obtenir du blé des deux principaux exportateurs, et ont dû se tourner vers d’autres fournisseurs, ou encore vers une production locale, par exemple en utilisant de la farine de manioc ou de riz.
Les énormes fluctuations de prix que nous avons connues l'année dernière sont-elles une bonne chose? Les agriculteurs peuvent-ils en tirer profit?
Ce n'est jamais une bonne chose d'avoir des fluctuations aussi importantes. Personne ne prend une décision d'achat en un jour. Les clients regardent l'effet à long terme. S'il y a une hausse dans la journée, ils peuvent hésiter à passer une commande, puis achètent pour l’année entière. Il est difficile d'établir quelque chose sur le long terme. Cela cause des inquiétudes.
Beaucoup d'engrais proviennent de Russie et de Chine; quel impact la provenance de ces produits a-t-elle eu sur les agriculteurs dans la dernière année?