
Deux restaurateurs d’objets précieux parmi les victimes du déraillement mortel à Lisbonne laissent un vide immense dans le milieu de l'archéologie
Le Journal de Montréal
Les deux Québécois ayant péri mercredi dans le déraillement du funiculaire de Lisbonne laissent un vide immense dans le monde de l’archéologie et de la restauration au Québec, eux qui sont dépeints comme des précurseurs au cœur immense.
André Bergeron et Blandine Daux, deux restaurateurs d’objets patrimoniaux, sont bien connus des archéologues et du milieu de la conservation de la province – et même d’ailleurs au Canada.
«C’est une perte sans bon sens. C’est vraiment triste de perdre un être qui avait autant de qualités», lâche Louise Pothier, conservatrice et archéologue en chef au musée Pointe-à-Callière, manifestement bouleversée par le décès de son fidèle et cher collaborateur des 40 dernières années. Elle connaissait également très bien Blandine Daux, qu’elle qualifie de professionnelle extrêmement respectée et appréciée dans le milieu.
«André avait développé une expertise totalement unique, renchérit-elle. Il faisait partie des grands professionnels et était connu au-delà des frontières du Québec. Grâce à son professionnalisme et son savoir-faire hors du commun, il a réussi à faire se rencontrer deux disciplines, soit la restauration et l’archéologie, et à les faire dialoguer.»
Considéré comme une sommité, André Bergeron a notamment contribué aux travaux de prélèvement du rempart palissadé de Beaucours, dans le Vieux-Québec, en 2018. Cette découverte a soulevé un grand intérêt, bien que la datation des pièces de bois a ensuite été remise en doute par certains experts.
«C’est un choc [...]. C’est quelqu’un qui était connu de toute la communauté archéologique, entre autres à cause de son vade-mecum», un guide qu’il a aidé à rédiger, qui faisait office de «bible» dans le milieu, explique Josée Villeneuve, présidente de l’Association des archéologues du Québec.
Retraité depuis 2022 du Centre de conservation du Québec, où sa conjointe œuvrait également, M. Bergeron se disait heureux de pouvoir passer plus de temps avec ses petits-enfants, se souvient Mme Villeneuve.
