Deux ans de pandémie : des médecins demandent de « sortir de l’ère du fax »
Radio-Canada
Après deux ans de pandémie, des médecins demandent au gouvernement de « complètement informatiser le réseau de la santé ».
Alors que la pandémie a changé bien des façons de faire dans le milieu de la santé comme les rendez-vous virtuels, ils estiment tout de même que des protocoles datent d'une autre époque.
On se partage encore des documents par fax et par CD. Ce sont des choses qu’on ne fait plus à la maison, qu’on ne fait plus dans aucune entreprise parce que c’est inefficace et les choses se perdent, explique le chef des soins intensifs de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, le Dr Mathieu Simon.
Des professionnels de la santé soutiennent que la bureaucratie est tellement lourde que certains employés dans les hôpitaux du Québec décident carrément de quitter le réseau de la santé.
La motivation des troupes est minée par des protocoles qui prennent trop de temps et les empêchent de réaliser ce pour quoi ils ont décidé de travailler dans les hôpitaux : prendre soin des gens.
Ce qu’on voit, c’est un épuisement des gens, une démotivation. [...] Ils sont rentrés pour aider les gens et finissent par faire un travail qui est très bureaucratique. Il y a beaucoup de frontières de papiers et de procédures entre le patient et le soignant, illustre le Dr Simon.
Le Dr Jean Lapointe, urgentologue à l’Hôtel-Dieu de Lévis, pense aussi que l’abondance du système papier dans le réseau de la santé est dépassée et ralentit les soins.
Celui qui est également directeur adjoint des services professionnels au Centre intégré de santé et de services sociauxCISSS de Chaudière-Appalaches croit qu'une modernisation rapide s'impose pour reprendre le temps perdu pendant la pandémie. Il cite notamment les rendez-vous et chirurgies non urgentes annulées.
Par exemple, le médecin explique qu’il est impossible d’avoir accès au dossier médical d’un patient qui arrive d’un groupe de médecine de famille (GMF), d’un Centre d'hébergement et de soins de longue duréeCHSLD ou même d’un autre hôpital. Les médecins se retrouvent donc à jouer au détective et perdent du temps à retrouver une panoplie d’informations sur leurs patients.