
Conflits commerciaux à la pelle entre le Canada et les États-Unis
Le Journal de Montréal
OTTAWA | Washington fait la sourde oreille aux menaces que lui a adressées Ottawa il y a un mois dans l’espoir de contrer le protectionnisme du président Joe Biden, en particulier dans le secteur des véhicules électriques assemblés aux États-Unis.
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Dans le cadre de son plan Build Back Better, l’administration démocrate prévoit un crédit d’impôt allant jusqu’à 12 500 $ pour les acheteurs de véhicules intégralement fabriqués aux États-Unis par des travailleurs syndiqués.
Pour la ministre du Commerce international Mary Ng, cet incitatif causerait « des dommages sérieux et irréparables à l’industrie automobile » d’ici et est contraire aux règles de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), ce que Washington réfute.
En réplique, début décembre, Mme Ng et la ministre des Finances Chrystia Freeland ont adressé une lettre aux représentants du Congrès les menaçant de suspendre certaines parties de l’accord de libre-échange et d’imposer des droits de douane aux produits américains.
Mme Ng s’est ensuite rendue à Washington pour rencontrer certains représentants. Mais s’ils ont « pris acte » de la missive, ils ne se sont engagés à rien et aucune réponse formelle n’a été adressée à Ottawa jusqu’à ce jour, a indiqué une source au cabinet de la ministre.
La pointe de l’iceberg
Pour Geneviève Dufour, directrice de la maîtrise en droit international de l’Université de Sherbrooke, le gouvernement Trudeau est trop lent à réagir au protectionnisme de nos voisins et devrait répliquer légalement rapidement.
« Les véhicules électriques, c’est seulement la pointe de l’iceberg, prévient-elle. Chaque contrat qui va être donné dans le cadre de la loi Build Back Better va exclure nos entreprises. C’est énorme. Ce sont des milliards de dollars qui vont être investis auxquels on ne pourra pas accéder. »
