10 albums passés sous le radar en 2022
Radio-Canada
Chaque année, bon nombre d’albums parus au Québec passent complètement sous le radar des médias, que ce soit parce qu’ils sont trop nichés, parce qu’ils sont interprétés en anglais – les quotas des radios francophones bloquant une grande part de ces productions – ou parce qu’ils souffrent d’une promotion déficiente.
Peu importe la raison, certains d’entre eux méritent clairement d’être découverts par un public plus large. Voici une liste non exhaustive d’artistes et projets musicaux de grande qualité qui méritent votre attention.
2022 a été l’année d’explosion de Nicholas Craven. Le Gatinois est passé d’artiste de l’ombre à un statut de beatmaker de calibre international, que ce soit en France, aux États-Unis et ici-même au Québec. Et pourtant, qui a parlé de ses exploits dans les médias? Si peu de gens… En décembre 2021, j’affirmais qu’il était l’artiste d’ici que j’allais surveiller le plus en 2022 et je dois admettre que je n’aurais jamais pensé qu’il dépasserait mes attentes à ce point.
Parmi les nombreuses collaborations qu’il a lancées au cours des derniers mois, soulignons qu’il a produit intégralement les rythmes sur les albums Latin Quarter Pt. 1 et Pt. 2 du légendaire rappeur français Akhenaton, principale figure du groupe Iam. Aux États-Unis, il a produit les rythmes de l’album Fair Exchange No Robbery du rappeur Boldy James.
Ce dernier est membre du collectif Griselda, locomotive du renouveau rap américain, tourné vers l'échantillonnage et les sons soul, retrouvant l’importance du texte, de sa livraison, de sa poésie, s’éloignant de la lourdeur du trap, du drill ainsi que de l'esthétique froide et des refrains bidons nappés d’autotune du rap commercial.
Mais ce ne sont là que deux de ses grandes collaborations de l’année. Et ce qui me sidère, c’est que la qualité est constamment au rendez-vous, malgré le haut débit de production. Espérons que le sirop demeurera riche longtemps.
Dans la même veine de beatmaking que Nicholas Craven, le montréalais Stack Moolah s’est aussi imposé en 2022. Ses collaborations avec des rappeurs américains (Rome Streetz, membre de Griselda) et locaux (Loud, notamment) l’ont fait briller. C’est sa collaboration avec SeinsSucrer – l’un des jeunes rappeurs les plus prometteurs au Québec – pour le mini-album Pushe le whip qui a le plus tourné chez moi en 2022.
C’est l’un des meilleurs projets rap québécois de l’année, selon moi. Une fois qu’on passe par-dessus son étrange nom d’artiste et qu’on s’habitue à sa prononciation particulière (inspirée du style de Westside Gunn, aussi membre de Griselda), SeinsSucrer se révèle être un rappeur redoutable avec des textes capables de profondeur et de références culturelles admirables, ainsi que d’une livraison digne des grands cracheurs.
SeinsSucrer a peut-être trop produit en 2022. J’aurais aimé une production plus sélective, mieux tassée. Il va sans dire qu’il est prolifique. Il trouvera son rythme plus tôt que tard.