«Great Freedom»: lorsque les gais étaient des criminels
Le Journal de Montréal
Great Freedom, ce long métrage sélection de l’Autriche pour les Oscars, est un rappel bouleversant de l’existence d’une loi inique.
L’homosexualité masculine – pas féminine – est très sévèrement condamnée par les nazis dans le cadre d’une remise à jour du Paragraphe 175 en 1935. C’est ce qui permet au régime d’Adolf Hitler d’envoyer bon nombre d’homosexuels dans des camps de concentration. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, l’homosexualité est encore illégale en Allemagne selon les mêmes modalités, le Paragraphe 175 n’ayant pas été abrogé, ni même assoupli par les forces américaines qui contrôlent le pays.
Hans Hoffmann (formidable Franz Rogowski) est pris à plusieurs reprises en flagrant délit, arrêté, reconnu coupable de plusieurs «perversions» et envoyé en prison. Une fois de plus, et ce, pendant des décennies. Car on apprend qu’il a été envoyé dans un camp de concentration pour la même «offense», le numéro tatoué sur son bras en étant le signe. En utilisant les moments où les actions de Hans le font envoyer en isolement solitaire, le réalisateur et coscénariste Sebastian Meise nous fait remonter, dans le désordre, le cours de la vie du protagoniste.
Hans se lie d’amitié avec Viktor (Georg Friedrich), le détenu avec lequel il partage sa cellule, incarcéré pour meurtre. On assiste à des scènes surréalistes, comme celle dans laquelle Hans arrache les insignes nazis des uniformes allemands alors qu’il travaille dans l’atelier de couture de la prison. Même s’il est derrière les barreaux, Hans retrouve certaines de ses connaissances, tombe même amoureux malgré le caractère illicite de ses amours... l’un des moments les plus poignants étant celui lors duquel il tombe sur un numéro du magazine Der Spiegel qui annonce l’abrogation du Paragraphe 175 (certains de ses amendements seront d’ailleurs toujours en vigueur jusqu’en... 1994).
Réflexion profonde sur la liberté et la capacité de l’humain de s’extraire, par la seule force de sa pensée et de ses sentiments, des barreaux derrière lesquels il est enfermé, Great Freedom dérange, bouleverse, enrage, révolte, désole et nous laisse avec un profond sentiment d’admiration envers le courage dont ont fait preuve tous les hommes traités ainsi.
Note: 4 sur 5
Great Freedom prend l’affiche dès le 18 mars au Cinéma du Parc et au Cinéma du Musée.
«Il y a des soirs au cours des derniers six mois où j’étais tellement ivre que je ne me souviens même pas de la fin des concerts. Pourtant, je n’avais jamais joué saoul lors des 25 premières années des Cowboys. On avait vraiment l’impression de faire de la musique sur le Titanic et on attendait qu’il coule.»
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